Le syndicat Doubs Très Haut Débit dénonce "une "ubérisation des Télécoms."

Les “désabusés de la fibre optique” sont nombreux. Le syndicat Doubs Très Haut débit chargé de déployer n’est pas la cause du problème mais la victime. Son président Denis Leroux pousse un coup de gueule.

Denis Leroux, président de Doubs Très Haut-Débit, ici lors d’un déploiement de la fibre optique à La Tour-de-Sçay.

Des installations mal faites, des percements incongrus dans la façade d’une habitation, des rendez-vous jamais honorés, des voisins débranchés puis des pannes à répétition : voilà à quoi ressemble le raccordement à la fibre optique jusqu’à l’abonné dans le Doubs mais pas que. La faute à qui ? “À des sous-traitants non préparés alors qu’on leur met un réseau qui fonctionne à 100% grâce à de l’argent public. Eux saccagent tout !” répond un Denis Leroux excédé.
Le président du syndicat Doubs mixte Doubs Très Haut-débit a lâché une bombe en dénonçant ce qu’il appelle “un saccage industriel.” Il y a quelques semaines, il a convoqué les opérateurs (Free et Bouygues étaient présents) et des représentants d’autres départements comme l’Alsace et Drôme-Ardèche - qui vivent les mêmes problèmes - pour faire avancer ce dossier qui dure depuis au moins deux ans.
Le syndicat Doubs Très Haut Débit, grâce à l’argent des impôts des Doubiens fait pourtant le boulot puisqu’il a déjà investi 130 millions d’euros, permis à 68 000 foyers d’être éligibles et à 25 000 abonnés de recevoir la fibre. Pourtant, il ne maîtrise plus les derniers mètres de fibre allant jusqu’à chez vous, le raccordement étant à 99% des cas pris en charge par une société sous-traitante, qui peut être différente de la société chargée de déployer le réseau.

“Certains arrivent pour déployer la fibre et n’ont par exemple même pas d’échelle pour monter au poteau. C’est l’ubérisation des télécoms.”

C’est là que le bât blesse. Alors que le Doubs est un des pionniers dans le déploiement de ce service, les raccordements jusque dans la maison (FFTH) sont réalisés en dépit du bon sens. Ceci est le résultat d’un mélange détonant entre une organisation mise en place entre les opérateurs d’infrastructures et les opérateurs commerciaux, connue sous le nom de mode STOC (sous-traitance opérateur commercial) dans le jargon des télécoms, et une cascade de sous-traitants auto-entrepreneurs mal pilotés, mal formés, sous-équipés et mal rémunérés. Certains arrivent pour déployer la fibre et n’ont par exemple même pas d’échelle pour monter au poteau. C’est l’ubérisation des télécoms” commente le directeur de Doubs très Haut-Débit.
Dans une commune du Haut-Doubs, excédé d’avoir vu sa fibre coupée à six reprises, un habitant en est venu aux mains avec des “sous-traitants” dont le syndicat ne sait même pas qu’ils intervenaient sur le réseau. Bouygues et Free ne partagent pas - tout à fait - le constat de Denis Leroux : “On comprend le coup de gueule même si on reconnaît des difficultés. Personne dans la filière n’était prêt à cet afflux de demande, d’où l’arrivée de gens non formés, mais on ne partage pas la méthode car nous nous sommes améliorés” explique Olivier Raugel, président de la société Free IT.
Le Doubs a choisi d’évincer les sous-traitants pour certains chantiers. “Mais le syndicat va travailler avec qui ?, interroge le président de Free. Avec les mêmes qu’il dénonce” poursuit-il. Pas simple.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
Abonnez-vous en ligne en quelques clics
Abonnement La Presse Bisontine