La courbe des effectifs horlogers reflète la vitalité d’un cycle de production et d’exportation très soutenu depuis deux ans. 4 414 nouveaux postes, soit une hausse de 7,3 %, ont été créés dans l’industrie horlogère suisse en 2023. Les perspectives de croissance en 2024 sont plus modérées.
Pour la première fois depuis plus de 50 ans, les effectifs horlogers atteignent un nouveau sommet avec 65 237 collaborateurs. Encore loin du record des années soixante-dix quand cette branche employait alors près de 90 000 salariés alors même que s’amorçait la plus sévère crise dans l’histoire de l’horlogerie suisse. Le plancher sera atteint dans les années quatre-vingt avec 30 000 collaborateurs. “L’industrie horlogère n’a cessé de se réinventer depuis la crise du quartz. La tendance globale des effectifs est à la hausse même si la courbe n’est pas régulière. L’activité horlogère reste et restera un phénomène cyclique, sujet à de fortes variations qui tendent aujourd’hui à être de plus en plus rapprochées”, explique Ludovic Voillat, le secrétaire général de la Convention Patronale de l’industrie horlogère suisse, à l’origine de ce recensement annuel.
Le diagramme qui recense aussi le nombre d’entreprises dans l’horlogerie met aussi en évidence l’industrialisation opérée dans cette branche depuis les années cinquante. “Le nombre d’entreprises a fortement diminué. Il reste stable depuis une décennie. Cette croissance d’effectif amorcée depuis deux ans s’inscrit dans une dynamique favorable du marché du luxe mais également dans une demande importante pour les montres d’entrée de gamme, en particulier sur le premier trimestre de l’année 2023.”
Quid des frontaliers dans cette évolution d’effectifs ? Selon les statistiques de l’I.N.S.E.E., ils étaient 11 550 frontaliers de la région Bourgogne-Franche-Comté à travailler dans l’horlogerie suisse, soit environ 20% de l’effectif global. Est-ce toujours le cas ? “Le recensement de la Convention Patronale ne comporte pas de volet sur la composition des effectifs au niveau des nationalités. On n’a donc pas d’information précise à ce niveau-là. On peut cependant confirmer que le taux de travailleurs frontaliers dans l’horlogerie suisse est resté stable au cours des deux dernières années. Il n’y a pas eu d’augmentation flagrante”, observe Ludovic Voillat.
Le recensement différencie le personnel de production des collaborateurs administratifs et de direction. “Après avoir priorisé l’essentiel des engagements au sein de l’outil de production en 2022 afin de servir les marchés, l’accent a cette fois-ci été mis sur le renforcement du personnel administratif.” Dans cette catégorie, les effectifs ont progressé de près de 18 % depuis deux ans… Le personnel de production continue à croître de façon plus modérée à 3,2 %. Les statistiques montrent aussi un différentiel de croissance en fonction du niveau de qualification. Les titulaires d’une formation supérieure progressent de 9,7 % et les titulaires du diplôme des métiers de 6,1 %.
Neuchâtel (17 385), Berne (13 772) et Genève (11 831) restent toujours les cantons ayant les plus gros effectifs horlogers. Cette dynamique va-t-elle se poursuivre ? Ludovic Voillat se montre prudent. “Le niveau de recrutement s’est stabilisé avec une année 2024 un peu plus compliquée. On s’attend à un recul de la croissance même si elle devrait rester positive.” Plusieurs paramètres incitent ainsi à la modération. Les effets conjugués de l’inflation, du contexte économique, géopolitique, ainsi que la vigueur du franc suisse laissent présager une croissance ténue en 2024.
Abonnez-vous en ligne en quelques clics
