Après 37 ans de vie publique, le président de la Communauté de communes du Plateau du Russey a décidé de mettre un terme à ses engagements politiques. Sans regret, il se donne désormais le temps, à la manière de Voltaire, de “cultiver son jardin”. Parcours
Trente-sept ans de vie publique, ça marque ! Le temps pourtant semble avoir épargné le "jeune homme" de bientôt 68 ans. Sa belle forme physique pourrait l’inciter à continuer quelques années, il a pourtant décidé d’arrêter. “Place aux autres, engagez-vous ! Ne vous contentez pas de critiquer dans votre cuisine, mettez aussi les mains dans le cambouis. Faites déjà la moitié de ce que j’ai fait, et ce sera déjà pas mal !” dit-il en souriant, sans l’ombre d’une moindre condescendance.
Après 37 ans d’engagement public, de réunions, de conseils municipaux et communautaires, Gilles Robert a donc décidé de raccrocher les gants. “Je ne ressens aucune lassitude dans mes engagements d’élu local, mais j’ai considéré qu’il fallait laisser la place, je pense que c’est une saine et sage décision” poursuit-il.
Le natif de Damprichard a eu très tôt la fibre de l’engagement et une certaine appétence à vouloir se tourner vers les autres. Dans le milieu associatif d’abord où il a longtemps milité pour la préservation de l’environnement, à la L.P.O., au sein des Gazouillis du Plateau, etc. Dans le milieu politique ensuite où dès l’âge de 32 ans il a accompagné aux affaires municipales Pierre Magnin-Feysot, maire du Russey de l’époque et comme lui camarade socialiste et se revendiquant “un peu comme les héritiers de Robert Schwint.” Il le fera pendant deux mandats en tant qu’adjoint avant que, deux mandats plus tard, M. Magnin-Feysot laisse à son benjamin les clés de la mairie. Gilles Robert les gardera pendant 19 ans.
Sans pour autant estimer que le pouvoir, fût-il local, doit être un exercice solitaire. Raison pour laquelle il affirme au moment de refermer cette longue page politique : “Je n’ai pas de bilan personnel à tirer de ces 37 années d’engagement. C’est un bilan collectif. J’ai beaucoup de gratitude envers les élus locaux avec qui je travaille, auprès des différentes équipes, services, techniciens, chargés de mission que j’ai pu diriger tout au long de ces mandats” dit-il. Une de ses fiertés sans doute est d’avoir contribué à atténuer, puis dissoudre totalement les clivages politiques gauche-droite qui empoisonnaient parfois les débats au Russey.

Gilles Robert a d’ailleurs quitté tout engagement partisan au moment du vote de la loi N.O.T.R.E. qui a redessiné le découpage territorial, dans laquelle il dit ne s’être jamais retrouvé. Tout en réussissant avec ses collègues maires à créer de la cohérence et à mener des projets structurants au sein d’une des plus petites communautés de communes du Doubs avec ses 17 communes pour à peine plus de 7 000 habitants au total. “Malgré le sentiment d’appartenance des habitants à leur commune, cette communauté de communes avec ses contours nous a soudés, nous avons appris à travailler ensemble, au rythme de l’évolution des mentalités, c’est une de mes fiertés aussi” soufflet-il à quelques mois de passer la main.
À qui ? Tout dépendra du verdict des urnes dans chaque commune, mais il se murmure déjà sur le Plateau du Russey que Valérie Pagnot la maire de Bonnétage pourrait être la bonne personne pour remplacer Gilles Robert… “Je n’ai désigné ni de dauphin, ni de dauphine !” sourit le président sortant tout en semblant approuver l’idée.

Le regret que pourrait avoir Gilles Robert au moment de passer la main, c’est à l’échelle du Parc naturel régional du Doubs Horloger dont il est un des vice-présidents (en charge de la biodiversité). “C’est vrai que j’aurais bien aimé continuer à m’investir au sein de ce P.N.R. La dimension de ce territoire est le bon périmètre pour mener des projets cohérents dans de nombreux domaines, les mobilités notamment. J’estime que ce P.N.R. n’est pas encore assez connu ou reconnu à sa juste valeur par les habitants, alors que c’est un outil très pertinent, et pas une couche de plus” observe M. Robert.
De ces dernières années d’engagement, le président de la C.C.P.R. retiendra aussi le prochain transfert de la compétence assainissement, la préparation du plan local d’urbanisme à l’échelle intercommunale, le maillage des sentiers de randonnée sur ce territoire, la rénovation énergétique du bâtiment de la gendarmerie du Russey, etc. Le bientôt retraité de la politique ne se fait pas de souci pour la suite. “Je ne manque pas de perspectives, je continuerai à avoir de nombreux engagements, notamment sur le plan associatif ! Mais j’aime aussi me retrouver de temps en temps seul, ou en famille.”
Aucune nostalgie chez lui au moment de refermer le long chapitre de la politique. “J’ai beaucoup donné, j’ai beaucoup reçu aussi” termine-t-il. Prêt à aller cultiver son jardin au Bizot. Le vrai, les mains dans la terre, mais aussi son jardin intérieur, plus intime, avec la famille et les amis auxquels Gilles aura enfin plus de temps à consacrer…
