Tailleur de pierre bien connu dans le Haut-Doubs, Emmanuel Vitte a transmis son entreprise à sa fille Lucie ravie de suivre les traces de son père. Ce passage de relais dans la continuité ouvre aussi de nouvelles perspectives
Installée initialement à Frasne où elle a vu le jour en 2008, l’entreprise Pierre et ouvrages a déménagé à Montbenoît entre 2019 et 2020. “C’était juste avant le Covid. Comme on vit à Morteau, on cherchait à se rapprocher. On a trouvé la solution sur cette petite zone artisanale où se trouvait auparavant une scierie qui a été entièrement transformée par Christophe Patoz qui nous loue le bâtiment servant de bureau et d’atelier. Il y a d’autres artisans sur ce site où nous nous sentons bien”, explique Emmanuel Vitte qui pensait alors poursuivre tranquillement son activité jusqu’à la retraite.

Après son Bac, sa fille Lucie a suivi des études à Strasbourg où elle a obtenu une licence en éco-construction. Diplôme en poche, elle s’installe en micro-entreprise en exerçant dans les enduits naturels. “Je ne pensais pas reprendre l’entreprise paternelle”, explique celle qui après trois années à son compte change finalement d’orientation, séduite par le métier de tailleur de pierre et la diversité qu’offre cette profession.

Retour sur les bancs de l’école et plus précisément au C.F.A. de Montalieu-Vercieu dans l’Isère pour préparer un C.A.P. de tailleur de pierre en travaillant en alternance à Montbenoît. “J’ai enchaîné avec un B.E.P. qui sera terminé en juin 2026.” Entre-temps, la succession s’est concrétisée entre la fille et son père qui reste présent pour l’accompagner dans ce nouveau challenge. “Pour moi, c’est une succession qui a du sens. J’apprécie aussi le travail en équipe”, complète Lucie Vitte.
Le champ d’action de Pierre et ouvrages est très large. “On intervient régulièrement sur des chantiers de restauration de bâtiments ou ouvrages anciens, parfois classés comme ce fut le cas à la bibliothèque de Besançon, sur des fermes traditionnelles, des fontaines-lavoirs, des forts militaires, des édifices religieux comme l’abbaye de Montbenoît”, énumère Manu Vitte, finalement plus trop pressé de prendre sa retraite.

La réputation de Pierre et ouvrages n’est plus à faire. “On trouve beaucoup de travail par le biais du bouche-à-oreille et grâce au réseau professionnel.” L’entreprise de Montbenoît intervient aussi auprès des particuliers en taillant des éléments mobiliers comme des escaliers, vasques, plans de travail… “Que ce soit pour des collectivités, des professionnels ou des particuliers, c’est toujours du cas par cas. On se réinvente en permanence.” L’entreprise emploie aujourd’hui quatre salariés dont trois sont encore en apprentissage. “C’est avant tout une affaire de passionnés. La profession tend à se féminiser grâce à de l’équipement qui facilite les opérations de manutention. Il y a aussi une dimension artistique, patrimoniale et écologique dans ce métier qui se prête à l’épanouissement de talents féminins.”
L’avenir de Pierre et ouvrages passe par des investissements dans de nouvelles machines, de nouveaux équipements à l’atelier comme sur les chantiers. “On travaille actuellement sur un projet d’extension du bâtiment de Montbenoît.”

