Sur le réseau social Snapchat, une enseignante du collège de Morteau a reçu d’explicites menaces de mort de la part d’un élève mécontent de la reprogrammation d’un cours. La gendarmerie de Morteau a été saisie.

Plusieurs semaines après les faits, Valérie* n’est toujours pas apaisée. Fin mars, elle découvre fortuitement les mots glaçants qu’un élève de 5ème a posté sur le réseau Snapchat à l’intention de ses petits camarades. “Si on n’a pas le choix, on la tue… Si vous voulez, j’ai des armes, un couteau et des cagoules…” Ce message, assorti de trois “têtes de mort” en émojis, faisait suite à la décision prise par cette enseignante de remplacer une heure d’étude par une heure de cours dans le cadre du dispositif “Pacte enseignant remplacement de courte durée” instauré par Gabriel Attal quand il était ministre de l’Éducation nationale.

Du côté du collège de Morteau, on a préféré ne pas faire de vagues.

Choquée par ce message, l’enseignante décide après un temps de sidération, de porter plainte à la gendarmerie de Morteau. “Je suis extrêmement inquiète, j’ai peur pour mes enfants, ma famille et pour mes collègues enseignants. Plusieurs semaines après les faits, cette histoire continue à me hanter” dit-elle. Quelques jours après le signalement, les gendarmes ont auditionné les parents du mineur, un élève sans trop d’histoires jusque-là, qu’ils ont ensuite convoqués à la gendarmerie. En parallèle, le principal du collège a décidé de l’exclusion temporaire de l’élève pour sept jours. Pour l’enseignante, cette sanction n’est pas à la hauteur de la gravité des faits commis. “Ces menaces explicites de mort méritaient au moins un conseil de discipline” estime la professeure soutenue par de nombreux collègues qui souhaitent, eux aussi, que cette affaire ne soit pas enterrée sous une chape de silence. “Le principe du “pas de vague” n’est plus tolérable. Il n’est pas possible de laisser proférer de telles menaces, quel que soit l’âge de l’élève. Est-ce qu’une exclusion de quelques jours est à la hauteur des faits ? Je ne le pense pas, on doit être plus soutenus” estime l’enseignante. Syndicats enseignants, procureur de la République et rectrice d’académie ont été informés des faits.

Ayant sans doute pris conscience de la gravité des faits commis par leur fils, les parents de l’élève incriminé ont pris les devants en le retirant du collège Bouquet pour le scolariser dans un autre établissement du Haut-Doubs. Le rectorat, mis au courant de l’affaire, a envoyé au collège de Morteau une équipe mobile de spécialistes chargés d’échanger avec les autres élèves de la classe. Certains enseignants ont préparé une lettre à adresser aux parents d’élèves de la classe pour les informer à leur tour des faits qui se sont produits dans l’établissement. “Nous espérons que le principal du collège envoie rapidement ce courrier. Chacun est en droit de savoir ce qu’il peut se passer sur les réseaux sociaux et dans un établissement scolaire, même dans le Haut-Doubs.”

Ces menaces explicites ne sont pas un cas isolé. Une autre enseignante, du lycée Edgar-Faure cette fois, aurait récemment reçu des menaces verbales explicites d’un élève. Dans un tel contexte, les enseignants refusent que continue à régner la loi du silence.

*prénom d’emprunt.

Publicité - Devenez annonceur dans le journal C'est à dire

Cet article vous est proposé par la rédaction du journal C'est à dire, distribué à + de 30 000 exemplaires sur le Haut-Doubs.
Pour devenir annonceur et booster votre visibilité, cliquez sur l'image ci-dessous
Publicité journal C'est à dire