Dans le Haut-Doubs, on compte encore 28 hôtels. Mais l’hôtellerie est de plus en plus challengée par d’autres formes d’hébergements. Elle doit s’adapter au changement.

Le temps de l’hôtellerie familiale est-il révolu ? Sans doute pas, mais les modèles d’hébergements touristiques sont en pleine évolution. Notre territoire du Haut-Doubs, entre le Saugeais et le secteur de Mouthe, en passant par Pontarlier et Frasne-Levier, ne compte plus que 28 hôtels. Il y a quelques décennies, chaque village avait au moins un hôtel sur son territoire. Si certains ont résisté, évolué et continué d’investir (l’exemple du Lac à Malbuisson est sans doute la meilleure illustration), d’autres ont périclité ou n’ont pas trouvé de successeurs. L’Auberge du Coude à Labergement-Sainte-Marie, l’Hôtel de France à Pontarlier, la ferme-Hôtel de La Vrine à Vuillecin, l’hôtel des Sapins aux Longevilles-Mont-d’Or sont les exemples les plus récents d’établissements qui n’ont pas résisté à l’évolution de la demande.

“Le parc hôtelier de Bourgogne-Franche-Comté a bien régressé entre 2018 et 2023, confirme Yann Bellet, le directeur adjoint de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme. Nous comptons 99 hôtels en moins et 1 361 chambres en moins, soit respectivement -11,1 % et -5,6 % en à peine cinq ans. La B.F.C. est hélas la région française où la baisse en pourcentage est la plus forte. En volume, on subit la quatrième plus forte baisse du nombre d’hôtels et la troisième plus forte baisse du nombre de chambres par rapport aux autres régions françaises.”
En cinq ans, le nombre d’hôtels a beaucoup baissé dans notre région. Le Haut-Doubs n’a pas échappé à la règle avec des établissements familiaux qui n’ont eu d’autre choix que de renoncer face à des investissements de mise aux normes trop lourds pour eux et l’évolution des demandes de la clientèle qui se tourne vers d’autres formes d’hébergement.

Si le nombre d’hôtels décroît inexorablement, cela ne signifie pas que la région, et le Haut-Doubs d’autant plus, n’est plus une terre d’accueil touristique. Tant s’en faut. Notre territoire ne compte pas moins de 581 de meublés touristiques, soit près de 3 000 lits. Dans cette catégorie, on trouve notamment les hébergements privés loués sur les plateformes type Airbnb. À l’échelle du département, leur nombre a presque doublé en l’espace de cinq ans : on en comptait 1 132 en 2019, ils étaient 2 169 en 2023.

“Les frontières sont de plus en plus floues entre les différents types d’hébergements constate Maryline Millot, responsable du service ingénierie à Doubs Tourisme, l’agence départementale de promotion du tourisme. Et les demandes évoluent. Si on constate une baisse du nombre d’hôtels à l’échelle du Doubs (N.D.L.R. - 13 % en cinq ans), d’autres formes d’hébergements montent en puissance comme les gîtes de groupe de grandes capacités qui correspondent à une vraie envie de se retrouver pour des groupes constitués et qui permettent de pallier la carence en hôtels.”

Même constat pour les logements mis à disposition par les propriétaires sur les plateformes de location. “Certaines familles ou groupes d’amis ont tendance à préférer louer des logements entiers plutôt que de choisir la formule chambre d’hôtes ou hôtels” poursuit la spécialiste.

La Région s’apprête à voter un plan d’aide pour l’hôtellerie familiale en milieu rural (ici, l’hôtel Les Tremplins à Chaux-Neuve, photo archive L.P.P.).

Illustration de cette tendance à la hausse : Doubs Tourisme a classé l’an dernier près de 130 meublés de tourisme (créations ou renouvellements). À l’échelle du département, ces meublés de tourisme représentent aujourd’hui un parc de 1 233 logements, soit plus de 6 000 lits. Une concurrence directe à l’hôtellerie traditionnelle.

“On reçoit 80 à 100 porteurs de projets par an” ajoute Maryline Millot.

La montée en gamme est également une tendance nette, que ce soit en hôtellerie ou dans toutes les autres formes d’hébergements. 68 % des classements le sont sur une gamme 3 étoiles et plus. “Rien que l’an dernier, nous avons accompagné une quinzaine de porteurs de projets qui visaient les 5 étoiles. Les montées en gamme concernant les meublés de tourisme et les hébergements de grande capacité, c’est 30 % des projets qu’on suit actuellement” complète Doubs Tourisme qui remarque en parallèle que les projets de nouvelles chambres d’hôtes repartent à la hausse. Les projets de nouveaux hôtels, eux, se font de plus en plus rares.

Face à cette évolution, les élus des collectivités territoriales cherchent à adapter leurs actions. “Concernant les hébergements marchands, la politique régionale vise prioritairement à soutenir la modernisation et le développement de l’hôtellerie familiale située en milieu rural, confrontée aux enjeux de réinvestissement, de transition énergétique, et de renouvellement de produit pour répondre aux attentes des clientèles” observe Patrick Ayache, vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté chargé du tourisme. Il annonce d’ailleurs que “des dispositifs d’aide en cours d’élaboration seront soumis au vote des élus régionaux lors d’une prochaine assemblée plénière au printemps” dans le cadre du Schéma Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs 2023-2028 voté lors de la dernière séance plénière de la Région mi-décembre. “Ce schéma régional incarne l’ambition touristique de la région et son engagement vers un tourisme responsable. Fil rouge du schéma, ce nouvel engagement entend développer un tourisme supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social. Les hébergements touristiques sont particulièrement ciblés par ce schéma” ajoute l’élu régional.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Pontissalienne
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