Producteur de lait à comté, Richard Ielsch, 55 ans, a remplacé Philippe Schaller à la tête de la Fédération des Comices du Doubs. Un vrai défi à relever dans un univers de passionnés où il faut savoir raison gardée.

Le téléphone de Richard Ielsch est en surchauffe quand la saison des comices bat son plein. D’autant plus que l’engouement pour ces fêtes de la ruralité ne faiblit pas.
Le nombre d’éleveurs qui ont inscrit des bêtes augmente de 10 % par rapport à l’année dernière. Cela illustre la forte adhésion autour des comices qui sont à mon sens la plus belle vitrine de l’agriculture locale”, note celui qui était déjà vice-président de la Fédération des Comices du Doubs depuis onze ans. Rien d’étonnant donc de le voir prendre la succession de Philippe Schaller, retraité des stabulations depuis ce printemps.

Richard Ielsch avec le prix de grande championne mis en place cette année pour célébrer les 70 ans de la Fédération des comices du Doubs.

Le nouveau boss des comices du Doubs s’inscrit dans la continuité du sillon tracé par son prédécesseur.

“On partage la même vision sur une fonction qui réclame beaucoup d’ouverture d’esprit et de diplomatie. Quand on est président de comice, il faut faire attention que la passion ne dépasse pas la raison.”

Originaire du secteur de Trévillers, Richard Ielsch n’a pas grandi à la ferme, ce qui ne l’a pas empêché de côtoyer très souvent cet univers chez ses oncles agriculteurs sur le plateau de Maîche voire chez son grand-père fromager à Courtefontaine. Suffisamment en tout cas pour qu’il décide d’en faire son métier.

Après son B.T.A. décroché à Byans-sur-Doubs, il révise ses gammes au service remplacement de Maîche, dépense son énergie dans le bûcheronnage qu’il exerce pendant deux ans chez son beau-père tout en cherchant une ferme à reprendre. “J’ai encore travaillé un an comme salarié dans l'agriculture en Suisse puis l’opportunité s’est présentée en 1992 de reprendre une exploitation à Boujailles”, explique celui qui est aujourd’hui associé avec son fils Loïc et son gendre Kevin au sein du G.A.E.C. de la Tour. Le trio soigne un troupeau de 80 vaches laitières en livrant le lait à la coopérative de Boujailles où Richard Ielsch était administrateur jusqu’en 2022.

Sitôt installé, il présente des bêtes au comice de Frasne en 1993. “Ce qui m’a toujours plu, c’est l’ambiance”, explique l’éleveur qui ne tardera pas à prendre des responsabilités jusqu’à devenir président du comice de Levier en 2010.

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En quinze années, les comices du Doubs ont bien évolué pour devenir au fil du temps des fêtes villageoises à part entière. “On garde à l’esprit que la montbéliarde reste la reine des comices en y associant tous les acteurs du monde rural”, note Richard Ielsch, heureux de voir à quel point les jeunes s’impliquent dans l’organisation, qu’ils soient issus du monde agricole ou pas. Il y voit un événement fédérateur à tous points de vue.

À la différence des concours officiels, le comice ne repose pas sur des critères de production mais uniquement sur la morphologie des bêtes. Si la Fédération a défini un règlement commun, chaque comité d'organisation reste maître chez lui. “On travaille toujours avec le soutien de Montbéliard Association, du syndicat des éleveurs Montbéliard, du contrôle laitier, de Géniatest, sans oublier les Organismes de Sélection.”

Trois nouveaux administrateurs ont été élus lors du renouvellement du bureau de la fédération : Arnaud Malfroy du canton de Pontarlier, Thomas Groshenry à Ornans et Pascal Bonvalot à Saint-Hippolyte. S’il tient à conserver les fondations historiques du comice : rendez-vous automnal, formule itinérante en restant fidèle au découpage des anciens cantons, le président de la Fédération veut également s’adapter aux réalités climatiques, agricoles, sociétales. “Comme l’évolution du schéma de sélection de la race est plus axée sur la longévité, on va tester le Prix senior sur quatre comices avec l’idée peut-être de le généraliser en 2024. On sait que c’est la sélection et les modes d’élevage qui favorisent la longévité. Ce critère va aussi dans le sens du bien-être animal.”

2023 marque les 70 ans de la Fédération des comices qui lance un prix de grande championne pour célébrer l’événement.