Artisan hors pair et infatigable formateur, l’homme natif de Maîche est à l’origine de l’implantation d’ateliers Hermès dans le Pays de Montbéliard.

C’est à Maîche que naît Robert Boudard le 14 septembre 1926. Son père est bourrelier-harnacheur à Trévillers et lui apprend le métier dès ses 13 ans. Son premier diplôme sera un brevet de maîtrise en 1946. La disparition progressive de la traction animale dans les travaux agricoles et forestiers met à mal l’entreprise familiale. Robert rejoint alors les automobiles Peugeot et s’initie à la sellerie et au garnissage des voitures.

Robert Boudard dans son atelier de Montbéliard (photo Claude Nardin

Dès 1950, il devient enseignant à l’école d’apprentissage de l’entreprise. Sa carrière évolue positivement et il intègre le bureau d’études comme sellier-prototypiste. Parallèlement à la demande de cavaliers de son entourage, il ouvre un atelier de sellerie à son domicile qui assoira sa réputation. Il devient alors membre du jury de plusieurs écoles. En 1977, il obtient son premier diplôme de Meilleur Ouvrier de France en sellerie.

L’heure de la retraite sonne en 1980, mais il poursuit son activité à domicile. Sollicité par le G.R.E.T.A., il forme jusqu’en 1986 plusieurs élèves aux métiers du cuir. Il participe à de nombreuses expositions et colloques dans l’Europe entière et noue des contacts avec des représentants de la société Hermès. Sous leur impulsion, l’école Boudard de sellerie-maroquinerie d’art voit le jour à Grand-Charmont en 1987, puis s’installe à Bethoncourt. Intégrée au Centre de Formation pour Adultes du Pays de Montbéliard (C.F.A.) en 1994, elle a sorti à ce jour plusieurs centaines d’élèves. Robert Boudard obtient cette année-là un deuxième titre de Meilleur Ouvrier de France en maroquinerie.

Toute sa vie professionnelle et personnelle a été dédiée à la transmission de son savoir-faire et de ses valeurs. Les années suivantes lui valent de multiples reconnaissances (chevalier des palmes académiques, chevalier dans l’ordre national du mérite, officier des palmes académiques et chevalier de la légion d’honneur).

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Robert Boudard, décédé le 6 août 2013, a eu de son vivant la fierté d’avoir favorisé l’implantation de trois ateliers Hermès (Seloncourt, Héricourt puis Allenjoie) avec pratiquement 800 emplois à la clé. À l’occasion de l’inauguration de ce dernier site, Emmanuel Pommier, directeur général du pôle Artisanal Maroquinerie, déclarait : “Nous avons ici des racines profondes. Nos premiers recrutements d’artisans formés à l’école Boudard datent de 1983.” L’industrie du luxe poursuit plus que jamais son développement et le C.F.A. de Bethoncourt continue à voir affluer les candidatures. Des personnes viennent de partout pour suivre cet apprentissage exigeant d’un an, mais garant d’un emploi chez un des grands du luxe.

La vie de Robert Boudard illustre parfaitement l’importance que revêt la transmission des connaissances, mais aussi des valeurs artisanales traditionnelles, dans une économie moderne pourtant dominée par l’obsolescence programmée et la consommation éphémère.

Avec nos remerciements au Centre d’Entraide Généalogique de Franche-Comté pour les éléments biographiques sur Robert Boudard.


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