Nichée en contrebas de la route, l’usine est peu visible. Seule l’odeur qu’elle émet la rend identifiable, mais ce problème sera bientôt largement réglé.
Le site, à cheval sur les deux communes de Saint-Hippolyte et Liebvillers, était dès 1850 une usine de transformation des métaux et de quincaillerie employant jusqu’à 600 salariés. La société des forges de Saint-Hippolyte est réputée être la première Société Anonyme française officiellement enregistrée le 22 avril 1870.

C’est en 1960 que la production d’éponges cellulosiques sous la marque Facel a démarré. L’entreprise est passée ensuite entre différentes mains : Spontex en 1967, Hutchinson (groupe Total) en 1989 puis Jarden (États-Unis) en 2010. “En 2016, la fusion de Jarden et Newell a donné naissance à Newell Brands, groupe américain de produits de consommation diversifiés”, précise Arnaud Gouttefangeas, directeur du site. Le groupe emploie 20 000 personnes dans le monde, dont 36 salariés et 2 apprentis à Saint-Hippolyte. Les machines étant compliquées à arrêter et à relancer, l’usine fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Facel produit exclusivement des blocs d’éponge cellulosique qui sont découpés en tranches et vendus à des clients transformant le produit pour en faire les éponges utilisées par tout un chacun. Spontex, leader du marché et propriété du groupe y ajoute par exemple cette fameuse couche verte de grattage.

“J’ai l’habitude de dire que nous faisons ici de la pâtisserie. Nous mélangeons de la pâte de bois en feuilles (cellulose), du lin, des colorants et plusieurs produits, dont l’hydrogène sulfuré responsable de cette fameuse odeur, dans un “réacteur” de cuisson qui sort une dizaine de ces gros blocs de matériau brut”, ajoute M. Gouttefangeas.
Disposant de surfaces de stockage limitées Facel produit à la demande dans une large gamme de couleur et deux degrés de porosité. “Tous nos produits sont contrôlés à 100 % et notre niveau de qualité reconnu sur les marchés européens et américains permet de résister à une concurrence chinoise de très bas de gamme”, note-t-il.

Après une période délicate en 2023 et début 2024 liée à l’impact du prix des matières premières et de l’énergie, la production est bien repartie avec une compétitivité et une rentabilité accrues. “Le groupe nous donne les moyens de travailler sur la durée et de gros investissements ont été consentis pour la protection de l’environnement”, confie le directeur. De nouveaux systèmes de filtration et de traitement vont réduire drastiquement les rejets atmosphériques et abaisser le seuil de détection olfactive, limitant grandement l’impact de cette fameuse odeur. La société construit actuellement une station d’épuration biologique, un engagement financier important mais rendu nécessaire pour répondre aux nouvelles exigences. “L’eau est primordiale dans notre activité mais les épisodes de sécheresse récurrents nous ont amenés à réfléchir à un nouveau système de refroidissement des machines par air, permettant de réduire dès cette année notre consommation de 50 %”, ajoute M. Gouttefangeas. “Cette transformation qualitative du site est importante. Notre seul vrai problème aujourd’hui est la difficulté à recruter des techniciens de maintenance pour la bonne marche de notre outil industriel”, conclut Arnaud Gouttefangeas.
