Francine Garnache-Ottou est devenue la présidente du comité du Doubs de la Ligue contre le cancer. Originaire des Gras, la pharmacienne-biologiste est spécialisée en hématologie (cancers du sang, leucémies et lymphomes) au C.H.U. de Besançon et à l’université.

Rien ne la prédestinait à la recherche médicale. Née aux Gras, dans le Val de Morteau, Francine Garnache-Ottou grandit dans une famille où le métier du bois est roi avec la construction de chalets. Pour autant, dès ses études de pharmacie et biologie réalisées à Besançon, Francine est attirée par l’hématologie. Inconsciemment, son histoire familiale a peut-être joué un rôle. À 12 ans, la sœur de son papa meurt d’une leucémie aiguë. « À l’époque, on mourait beaucoup de leucémie. Aujourd’hui, beaucoup de patients sont guéris après une leucémie, ça a beaucoup évolué ces 20 dernières années », glisse de sa voix douce Francine Garnache-Ottou. Ce qui lui plaît dans l’hématologie, c’est le côté humain et manuel : « Il faut que le biologiste regarde au microscope les cellules dans la moelle osseuse et le sang et analyse ce que les cellules expriment en immunologie. C’est le biologiste avec ses yeux, son expérience, ses connaissances qui propose un diagnostic, ce n’est pas une machine qui le fait, c’est l’humain. »

Le microscope, le principal outil de travail de Francine Garnache-Ottou dans son métier de pharmacien-biologiste.

Professeure d’université et praticien hospitalier en hématologie-biologie, la scientifique assure trois fonctions : l’enseignement de l’hématologie à l’Université Marie et Louis Pasteur, une activité clinique au laboratoire de biologie du C.H.U. de Besançon et la recherche au sein de l’Unité mixte de recherche (U.M.R.) R.I.G.H.T. située à l’Établissement français du sang. Le laboratoire de biologie et d’immunologie du C.H.U. est chargé entre autres des analyses spécialisées des patients du Groupement hospitalier (Besançon, Pontarlier, Vesoul, Dole, etc.) et parfois de centres extérieurs. « Le laboratoire caractérise les hématopathies », explique Francine Garnache-Ottou.

Au sein de l’U.M.R. R.I.G.H.T., dirigée par le Professeur Olivier Adotevi, elle assure la fonction de directrice adjointe. Elle pilote aussi une équipe bisontine de 7 personnes (chercheurs, ingénieurs, doctorants) qui travaillent sur une leucémie particulière : la leucémie pDC. Rare et parmi les plus agressives, cette leucémie touche une cinquantaine de cas par an en France.

Depuis 2004, son équipe a publié plus de 25 articles internationaux. « Nous avons défini les critères de diagnostic et de suivi de cette leucémie, nous recherchons les molécules les plus efficaces car elle est très agressive, nous tentons de comprendre pourquoi elle échappe aux traitements conventionnels afin de développer de nouvelles approches ciblées. » Du fait de la rareté de la leucémie pDC, il n’existe pas actuellement de consensus quant à son traitement mais il faut souligner le travail du Professeur Éric Deconinck, chef du service hématologie au C.H.U. qui établit des recommandations en France.

L’équipe du Professeur Garnache-Ottou a développé une expertise nationale sur cette maladie et a créé le réseau national R.O.M.I. (tumeuRs à cellules dendritiques plasmOcotoïdes et HéMopathIeS avec pDC), un laboratoire de biologie médicale de référence au C.H.U. de Besançon pour le diagnostic et le suivi des patients atteints de ces maladies. Dans le même temps, elle travaille sur les médicaments de thérapie innovants et en particulier le développement d’un C.A.R.-T cell. « Nous espérons pouvoir porter ce projet jusqu’à son évaluation dans un essai clinique chez l’homme au C.H.U. de Besançon, d’ici un an ou deux », souligne Francine Garnache-Ottou.

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Investie dans la recherche, la scientifique a bien conscience du rôle et de l’aide apportée par la Ligue contre le cancer. À 58 ans, elle a accepté de prendre la présidence du comité du Doubs à la suite de Jean-François Bosset. C’est la première fois qu’elle s’engage dans l’associatif. « J’avais envie de donner du temps personnel pour une cause importante à mes yeux. La Ligue aide beaucoup la recherche. Huit à 10 projets de l’U.M.R. R.I.G.H.T. sont financés chaque année par les comités départementaux Grand Est et la Ligue nationale. Donc c’est une façon de remercier la Ligue, au nom de toute l’U.M.R. La Ligue est un relais régional qui permet par exemple d’initier de nouveaux projets de recherches, obtenir des résultats qui permettront ensuite de candidater à de plus de gros financements. »

Dans les prochains mois, elle souhaite développer avec les équipes de la Ligue contre le cancer 7 à 8 nouvelles activités de soins supports pour les patients atteints de cancer : le sport adapté avec par exemple du running et de la marche nordique, renforcer les soins socio-esthétiques, la sexologie, la diététique… Dans son métier comme dans son engagement associatif, la Haut-Doubienne de naissance préfère toujours mettre en avant son équipe et celles de la Ligue contre le cancer. Discrète et profondément humaine, Francine Garnache-Ottou a le souci de l’autre dans le sang.