Et 7 nouvelles caméras doivent être installées pour couvrir quelques “zones grises”. La Ville de Besançon consacre chaque année plusieurs dizaines de milliers d’euros au dispositif.
Nous sommes ici dans un endroit sécurisé où il faut montrer patte blanche pour y entrer. Au sous-sol d’un bâtiment municipal dont nous tairons l’emplacement, une première porte sécurisée attend le visiteur. Après avoir sonné, il faut encore traverser un sas surveillé par deux caméras avant de pénétrer dans ce C.S.U., ou Centre de Supervision Urbaine de la Ville de Besançon. C’est là que travaillent plusieurs policiers municipaux ainsi que des agents chargés de surveiller les dizaines d’écrans disposés devant eux où sont scrutés les rues, places et carrefours principaux de la ville. Avec leur souris ou leur joystick, ces agents peuvent zoomer ou faire pivoter à distance les caméras. Toute la voie publique est ainsi sous leurs yeux, chaque détail et mouvement, à l’exception des parties privées (façades, balcons, etc.) soigneusement masquées par des pavés grisés.
Dans ce C.S.U. se relaient entre 11h26 et 2h45 du matin 9 opérateurs vidéo répartis en 3 équipes qui scrutent les images renvoyées par les 176 caméras disposées sur la voie publique. Le reste du temps, en fin de nuit et en matinée, les images sont renvoyées à la salle de commandement de la police nationale. Bisontines et Bisontins, souriez, vous êtes donc - presque - tous filmés ! Malgré son opposition de principe à tout système de vidéo-surveillance, Benoît Cypriani, l’adjoint bisontin à la sécurité et à la tranquillité publique reconnaît lui aussi que les caméras contribuent régulièrement à la résolution des affaires. « On nous demande d’être pragmatiques sur ce dossier-là, on l’est. Même si je reste convaincu que la sécurité se gagne toujours en contradiction avec la liberté » observe l’élu bisontin qui estime que les « caméras ne constituent pas une protection, elles n’empêchent pas la commission des infractions, elles aident seulement à prouver certains faits. Sur le fond, je préfère une présence policière, humaine, que l’appui sur des dispositifs technologiques. Et au-delà, la priorité devrait être la prévention. Si on maintient le dispositif et si on le complète, c’est en effet pour mieux lutter contre le banditisme et à la demande de la police nationale » se défend l’élu.

En arrivant aux affaires en 2020, l’actuelle majorité a d’abord pris la décision de ne pas supprimer les caméras. Lors du mandat précédent entre 2014 et 2020, la Ville de Besançon avait consacré plus de 2,6 millions d’euros à l’installation de caméras sur l’espace public et à leur fonctionnement. Depuis son arrivée aux affaires, la majorité n’en a pas installé de nouvelles. Aux 176 caméras surveillant la voie publique, il convient d’ajouter une quarantaine sur le réseau Ginko (tram et bus) et quelques dizaines pour surveiller les accès à certains bâtiments publics, soit 280 au total sur le territoire bisontin.

Pour répondre aux besoins pragmatiques de sécurité et pour couvrir quelques zones grises non encore concernées, la Ville de Besançon prévoit d’installer 7 autres dispositifs d’ici la fin du mandat. Où seront implantées ces nouvelles caméras ? L’une d’entre elles sera posée place Flore, une autre entre l’avenue Fontaine-Argent et la rue des Jardins à proximité du cimetière des Chaprais et les cinq autres sur des carrefours stratégiques ou des pénétrantes de la ville : en haut de la rue de Belfort (vers le giratoire du Fort-Benoît), au giratoire Montboucons-Savary à proximité du lycée Ledoux (un point de deal), au giratoire de la route de Gray, au carrefour Kennedy-Jouchoux vers le boulevard, et au giratoire du boulevard Fleming. « Nous attendons toujours le feu vert de la préfecture pour les installer » précise Benoît Cypriani tout en réitérant son idéal « d’une ville qui pourrait très bien fonctionner sans caméras, mais avec de la présence humaine plutôt qu’invisible. En remplaçant l’humain par la technique, on peut vite tomber dans un État policier » estime-t-il.
À ces caméras sur la voie publique, la Ville ajoute également régulièrement de nouvelles caméras, sur ce qu’on appelle son domaine privé. Ça a été le cas récemment sur un bâtiment de son service espaces verts rue de Trépillot, là même où la Ville a souhaité surveiller ses agents dont certains avaient été soupçonnés de vol de matériaux… Le coût de fonctionnement des caméras de vidéo-protection sur la voie publique à Besançon est en moyenne de 530 000 euros par an.