Si les villes concentrent une grande partie des trafics et de consommation de drogues, les zones rurales du Doubs sont loin d’être épargnées comme l’explique le colonel James à la tête du groupement de gendarmerie du Doubs.

La zone gendarmerie dans le Doubs couvre 97 % du département et abrite 61 % de la population. Tout le territoire est concerné par le trafic de stupéfiants qui se structure autour de trois axes : l’autoroute A 36, la R.N. 57 et la bande frontalière. La drogue arrive par ces pénétrantes de circulation puis vient irriguer différents points de deal, indique le colonel James.

La stratégie de lutte contre ce trafic porte sur différents points : identification et suppression des points de deal, présence accrue des gendarmes sur la voie publique et vigilance renforcée sur les axes pour éviter notamment le phénomène Ubershit. On a créé un groupe local de contrôle des flux qui vient en appui avec les brigades de l’escadron autoroutier. On développe également nos actions avec nos brigades de recherches qui sont épaulées par la section recherche du groupement. 600 gendarmes sont opérationnels dans le Doubs avec la possibilité, si besoin, de mobiliser 400 réservistes.

Une ferme de culture de cannabis avait été découverte par les gendarmes dans le Haut- Doubs, avec 800 pieds cultivés.

Le bilan 2024 en zone gendarmerie montre bien que l’activité stupéfiants est toujours en progression tout comme le nombre de saisies, de mises en cause… 21 points de deal ont été démantelés. On a augmenté de 300 % les avoirs criminels en récupérant 130 000 euros en liquide pour une somme globale de 833 000 euros. Les gendarmes ont découvert par exemple sur le secteur d’Amancey une ferme de culture de cannabis avec 800 pieds.

Deux grosses affaires ont été résolues en 2024. En trois mois d’enquête, le groupement avec la section de recherche de Paris ont fait tomber un trafic de stupéfiants de dimension internationale. Tout est parti d’un renseignement remonté à la section de recherche au sujet d’un individu s’adonnant au trafic d’héroïne et de cocaïne dans le Doubs. Ce réseau utilisait des bagages mules en partance d’Amérique du Sud jusqu’à Besançon via la région parisienne. Le parquet de Besançon a saisi en octobre le groupement de gendarmerie et l’unité nationale de police judiciaire de la S.R. 75 avec le renfort de la S.R. de Besançon. L’individu suspecté se faisait livrer depuis Paris et utilisait des véhicules de grosses cylindrées. Les dispositifs techniques et les surveillances mis en place ont permis aux gendarmes de matérialiser le trafic. L’opération judiciaire a été déclenchée le 4 décembre conduisant à l’interpellation de cinq personnes et à la saisie de 5 kg de cocaïne pure ainsi qu’une machine de presse, deux armes de poing et 12 690 euros en liquide.

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Un autre trafic type Ubershit a également été démantelé par les gendarmes. Tout est parti d’un contrôle routier effectué fin 2023 sur le Haut-Doubs par les gendarmes qui vont découvrir l’existence d’un compte crypté baptisé Delice Food Pontarlier permettant aux consommateurs de commander et de se faire livrer différents types de stupéfiants. Plus de 400 clients en France et en Suisse utilisaient cette messagerie. En décembre dernier, 13 personnes ont été interpellées partout en France au cours d’une opération qui a mobilisé 80 militaires répartis sur cinq groupements. Ce réseau générait 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Sur la zone frontalière, on concentre aussi notre action dans les trains. On met en oeuvre nos équipes cynophiles et on travaille régulièrement en coopération avec nos homologues suisses. Les stupéfiants font partie de nos actions prioritaires, on est assez proactif dans ce domaine.

Les contrôles routiers montrent également que les conducteurs sous l’emprise de stupéfiants sont plus nombreux qu’avant. On est plutôt sur une tendance haussière. Le commandant James est très satisfait de l’action des gendarmes du Doubs dans la lutte contre les stupéfiants. On a mis beaucoup des trafiquants hors d’état de nuire. On fait des saisies qu’on ne faisait pas auparavant. Au vu des résultats, on gagne en efficacité, on acquiert une expertise en mettant aussi en oeuvre nos capacités cyber pour lutter contre les narcotrafics.