Alors que le bâtiment situé au centre-ville de Villers-le- Lac doit être vendu à un promoteur immobilier, un collectif d’habitants se mobilise pour garder ce témoin du passé horloger de la commune.
Abritant les activités de quelques associations de la commune, l’ancienne usine d’horlogerie Parrenin, située dans la rue du même nom au coeur du centre-ville de Villers-le-Lac, doit être cédée par la Ville qui en est propriétaire à un promoteur immobilier. L’opération n’est pas encore validée, mais déjà se manifeste un mouvement de protestation contre ce projet et certains voudraient que ce morceau de patrimoine horloger soit préservé.

La maire de Villers-le-Lac temporise : « Cette usine sera vendue à un promoteur le jour où la future maison des associations sera inaugurée, c’est-à-dire pas avant deux ou trois ans » précise Dominique Mollier dont le projet qui sera confirmé si son successeur à la tête de la commune en mars prochain est Romain Vermot, consiste à « choisir un promoteur qui acceptera de faire des logements accessibles avec des loyers modérés, comme nous l’avions fait pour l’ancienne douane en bas de ville il y a quelques années. À Villers, on manque cruellement de logements en centre-ville. »
Selon la maire, ce bâtiment qui abritait les ateliers de l’usine Parrenin n’est pas réhabilitable, « contrairement à ce qu’en pensent certains nostalgiques. Au cours des années, il a été “rafistolé”, il est fait de trois bâtiments différents et surtout, c’est un vrai gouffre au niveau énergétique, et il ne dispose d’aucune place de parking » argumente Mme Mollier. Bien que ce bâtiment représente une époque où les ouvriers allaient travailler au son de la cloche, « mais c’était avant… » dit-elle, au même titre que le sana qui n’avait pas pu être réhabilité au début des années 2000 selon la première magistrate de la commune.

Thierry Munier, l’animateur du club patrimoine de la M.J.C. de Villers-le-Lac ne l’entend pas ainsi. « On est au coeur du Pays Horloger et tout ce que la commune avait d’horloger du point de vue patrimonial disparaît ! On ne veut pas voir ce bâtiment démoli, c’est un des derniers témoins de notre passé horloger. On nous avait dit la même chose de l’ancien sana et on constate, en Saône-et-Loire qu’un ancien sanatorium fermé depuis plus de 17 ans va retrouver bientôt une nouvelle destination avec l’accueil d’artisans et d’associations. La mairie doit revoir sa copie » estime M. Munier qui est en train de monter un collectif de sauvegarde de cette ancienne usine Parrenin. Il prévoit l’organisation d’une réunion publique sur le sujet avant la fin de l’année.

Le bâtiment Parrenin avait été construit en 1876. Près de 150 ouvriers ont travaillé dans cette usine qui était, au début du XXème siècle, le plus gros fabricant d’ébauches de montres du monde. Il a gardé sa vocation horlogère jusqu’en 1983. Depuis cette date, il abrite des associations locales et des activités sportives et de loisirs. « Même s’il devait être transformé en logements, il est important qu’il conserve son aspect d’ancienne usine horlogère. Ne serait-ce aussi pour ces anciens de chez Parrenin qui se sont battus pour conserver leur outil de travail sur la commune » insiste Thierry Munier qui prépare d’ailleurs un livre consacré à cette épopée horlogère Parrenin.
