L’ancien président de la chambre d’agriculture et aujourd’hui maire de Pierrefontaine- les-Varans apporte des solutions susceptibles de valoriser les effluents agricoles et les boues de stations d’épuration sans nuire aux milieux naturels. Explications

“En mai 2014, j’étais allé à Saint-Hippolyte rencontrer des pêcheurs qui manifestaient pour dénoncer la pollution du Dessoubre. J’ai eu l’occasion d’échanger avec l’un d’eux sur la question du lisier. C’est le cauchemar des écologistes et la solution de facilité pour les agriculteurs car ce produit est beaucoup moins coûteux et chronophage à fabriquer que le fumier. Ces échanges m’ont amené à réfléchir sur les solutions existantes ou possibles qui permettraient de valoriser les effluents agricoles et les boues de stations d’épuration dont personne ne veut.” Il approfondit sa connaissance technique en allant discuter avec la société Sermap, spécialisée dans la gestion des effluents d’élevage. Il a aussi l’opportunité d’en savoir davantage sur les capacités d’autoépuration des rivières grâce aux explications de Pierre Marie Badot, professeur au laboratoire Chrono-Environnement spécialiste de la pollution des cours d’eau.

“J’appelle à un sursaut citoyen sur la question de la pollution des rivières. Tous les acteurs doivent travailler ensemble pour trouver des solutions techniques”, note Daniel Prieur.

“Sur la problématique des lisiers, il existe le séparateur de phases. Cet appareil dissocie la partie solide de la partie liquide du lisier, celle contenant le sacro-saint azote mais qui est aussi responsable de l’eutrophisation des rivières. Cette séparation permet d’arriver à un objectif commun : que les effluents soient consommés par les plantes plutôt que déversés dans les rivières.” À partir de là, tout n’est qu’affaire d’épandage du bon produit au bon moment.

En morte-saison, priorité aux éléments solides riches en potasse, phosphore. En pleine saison de pousse, utilisation de la partie liquide captée alors directement par les plantes. “En agissant de cette manière, je pense que l’on peut faire évoluer sans trop de contraintes l’agriculture vers des pratiques qui soient à la fois vertueuses, économiques et écologiques”, analyse Daniel Prieur, soucieux que les gens travaillent ensemble sur ces problématiques en définissant par exemple un plan multi-actions.

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Il sait aussi qu’on ne révolutionnera pas les pratiques du jour au lendemain. Très peu d’exploitations agricoles ont investi dans des séparateurs de phases. “On continue dans la simplicité en se contentant de respecter les 200 degrés jour et la synchronisation des épandages. Je suis persuadé que le stockage de la partie liquide en poches souples et installées aux bons endroits serait beaucoup moins onéreux que d’investir dans une fosse à lisier. Il suffirait ensuite de l’épandre juste après la première coupe d’herbe pour fertiliser la seconde coupe.”

Le choix d’un séparateur de lisier n’est pas une question financière mais de conviction. Il suggère d’introduire sans l’imposer l’idée d’aller vers le séparateur dans les cahiers des charges des A.O.P. fromagères.

Même concept de séparation pour les boues de station d’épuration qui sont proscrites des terres à comté. “La partie solide pourrait être mélangée avec des connexes de bois utilisés pour fabriquer des pellets. Pour la partie liquide, je suggère de faire venir dans les stations d’épuration des camions-ateliers équipés d’un système de traitement U.H.T. qui détruirait la partie toxique. Il resterait alors un produit neutre qui n’aurait plus d’incidence sur le milieu.”


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