Désignée parmi les porteuses potentielles de la flamme olympique lors de son passage le 25 juin prochain à Besançon, Awa Sene est aussi en lice pour les J.O. Un challenge à la hauteur de cette athlète bisontine, qui ne se départit jamais de son sourire.

Si elle a déjà eu de l'or au bout des pieds, la jeune femme de 28 ans n'est pas du genre à s'en vanter. Elle ne s'attarde même pas à énumérer son palmarès, pourtant remarqué dans le milieu de l'athlétisme. Aussi rayonnante sur les pistes que dans la vie, Awa Sene se contente de vivre sa passion. Son expérience lui ayant montré que le sport de haut niveau "comprend souvent plus de défaites que de réussites" et se joue finalement parfois à rien. "En 2018, j'ai vécu un vrai coup dur mentalement. J'étais focus sur l'athlétisme et j'ai compris que n'avoir que ça (avec les blessures, les carences, les performances qui ne sont pas toujours là...) était un réel danger", confie-t-elle.

Décidée à ne pas en faire son unique occupation, elle a trouvé un équilibre entre son métier d'orthophoniste et son activité sportive. "J'aime beaucoup mon métier et le contact avec les enfants. Cela aide aussi à relativiser sur ce qui est essentiel." Bien sûr, ses deux passions n'ont pas été toujours faciles à concilier : durant ses études réalisées en Belgique jusqu'à l'obtention de son diplôme en 2021, il a fallu continuer à s'entraîner entre Besançon et Bruxelles. "Je me suis entraînée quelques fois là-bas avec Anne Zagré (N.D.L.R. : hurdleuse belge)."

Awa Sene est actuellement 3ème Française au ranking élite.

De retour à Besançon et après la rencontre avec la team suisse des sœurs Kambundji, lors d'une compétition à Genève, Awa Sene décidera à nouveau de passer la frontière, cette fois du côté de Bienne. L'objectif et la préparation des J.O. 2024 en tête. "J'ai souhaité m'entraîner avec Adrian Rothenbühler. Ce qui supposait de se rapprocher du Centre national de sport de Macolin, en trouvant un cabinet où exercer à proximité." Une autre course s'est alors opérée pour la jeune diplômée, qui après plusieurs sollicitations sans suite, réussira finalement en octobre 2021 à reprendre le cabinet d’une consoeur à Bienne, touchée par son projet olympique, Awa Sene partage : "J’ai repris et étoffé un peu sa clientèle. J’exerce environ 20 heures par semaine. Le reste du temps, je le passe à l’entraînement."

Parce qu'elle aime Besançon, elle a finalement toujours gardé sa licence au Doubs Sud Athlétisme. Elle confie : "J’ai une réelle attache pour ce club, qui est familial." Malgré de nombreuses autres propositions, elle les a toujours déclinées en ajoutant : "Cela ne faisait pas sens." C’est à Besançon qu’elle a fait ses premiers pas, d’abord avec Jean-Jacques Gravier, puis avec Reïna Flore Okori, avec qui elle obtiendra ses premiers titres de France cadette.

Elle se souvient être arrivée assez tard à l’athlétisme, à l’âge de 12 ans, un peu par hasard. Elle explique : "Ma grand-mère adoptive tenait à ce que je fasse du sport." Après avoir essayé le basket-ball comme ses frères, elle voulait faire de la gym "car je tenais à réussir le grand écart. Ce qui n’a rien à voir", reconnaît-elle en riant aujourd'hui. C'est finalement grâce à un voisin qui faisait de l'athlétisme qu'elle sera orientée. Elle a pratiqué plusieurs disciplines avant de se concentrer uniquement sur le 100m haies.

Awa Sene partage son changement de coach lorsqu'elle est devenue espoir en 2016, signant ainsi sa plus longue collaboration avec Marc Butaud, son coach et conjoint. Elle déclare : "On a gagné six titres ensemble et j’ai fait ma première sélection en équipe de France A senior à 24 ans."

Awa Sene vise un chrono en dessous des 13 secondes au 100 m haies

Si aujourd'hui son regard est tourné vers Paris, elle garde en tête ses prochaines échéances, notamment les championnats de France Élite en salle 2024, qui se tiendront un mois avant le début des J.O. et serviront de tremplin pour les meilleurs athlètes français. Elle devra veiller à ne pas se blesser, à assurer sa sélection sur chrono en obtenant les minima ou en gagnant des points au classement mondial. Elle devra également chercher de nouveaux sponsors. En résumé, beaucoup de "si", mais l’énergie communicative d’Awa Sene pourrait bien finir par en venir à bout.

Paris 2024 serait un point culminant dans sa carrière. Awa Sene précise : "Il ne faut pas déconner non plus !" Ce n'est pas le rêve de toute une vie, mais simplement "un très bel objectif." C'est un pas de plus dans le beau parcours de cette jeune femme, née au Sénégal et arrivée à Besançon à l'âge de 5 ans.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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