Accusés de privatiser illégalement les stationnements devant chez eux, des propriétaires de la rue Prévert sont montés au créneau. Cadastre et preuve de leur bonne foi à l’appui. La Ville, qui évoque une erreur de découpage, cherche un terrain d’entente

Derrière la tranquillité apparente de ce quartier résidentiel, situé entre la zone commerciale de Châteaufarine et le rond-point d’Avanne, se joue un dossier délicat, source de conflit de voisinage. C’est l’appel indigné d’un riverain à la mairie, empêché de stationner par ses voisins, qui aurait mis un peu plus le problème à jour. "La situation ne date pourtant pas d’hier", comme le rappelle Louise*, qui préfère témoigner anonymement, après la parution d’un premier article qui a ravivé les tensions. "On doit régulièrement signaler qu’il s’agit de places privées. Plusieurs véhicules viennent stationner de façon opportuniste." Elle fait partie des quatre couples de propriétaires situés entre les n° 62 et 68 de la rue Prévert, dont les places de parking se trouvent en apparence sur le domaine public mais qui sont bien inscrites au cadastre sur leurs parcelles privées. Un argument qui avait d’ailleurs pesé "au moment de l’achat de leur maison" et qui leur vaut aujourd’hui des problèmes récurrents de voisinage.

Un certain nombre de places étaient prévues devant ces anciennes maisons témoin.

Amenée à se pencher sérieusement sur la question en début d’année, à force de signalements, la Ville de Besançon a fait clarifier la limite entre le domaine public et privé par ses services. Et leur a rappelé être tributaire d’une erreur de découpage, remontant à 1996. Elle a ainsi précisé dans un courrier que "lors de la rétrocession des espaces publics aménagés de la Z.A.C. Saint-Laurent, une erreur de découpage parcellaire a conduit à inclure dans le parcellaire cadastral des riverains le trottoir et la moitié de la surface des stationnements aménagés sur la voie ouverte à la circulation publique."

Une situation qu’elle a proposé de rectifier, en repassant ces places dans le domaine public, mais que les propriétaires ont évidemment refusée. S’ensuivront alors plusieurs échanges de courrier et même une proposition de rachat par la Ville, soucieuse de trouver une solution rapide et satisfaisante pour toutes les parties, au vu des conflits générés. Insuffisant selon les propriétaires, qui ne se montrent de toute façon pas enclins à s’en séparer.

Ce 20 octobre, une nouvelle conciliation était donc tentée sur place, à leur demande, avec les services de la Ville. "On est tous embêté par cette histoire. D’autant qu’il se trouve qu’ils ne sont propriétaires que de la moitié des places dans les faits", explique Marie Zéhaf, conseillère municipale déléguée à la voirie et à la propreté des espaces publics. La bourde commise par l’aménageur sur ces anciennes maisons témoins amène en effet un découpage alambiqué. "On va donc faire le marquage au sol entre le domaine privé et public sur place, dans les prochaines semaines, afin que tout le monde se rende bien compte", ajoute la conseillère. Charge ensuite aux propriétaires de statuer.

La municipalité leur a renouvelé sa proposition d’achat, à 60 euros le m2, "somme réglementaire autorisée, qui correspond à la moitié du prix du terrain constructible dans ce secteur", se défend-elle. Ou leur propose sinon de délimiter durablement le domaine public, en recréant des places de parking en face ou le long de la future démarcation. Dans ce cas de figure, les propriétaires conserveront leur portion amputée, mais cela rendra plus difficile leur stationnement, sinon à cheval et à l’horizontale. Une nouvelle réunion se tiendra quoi qu’il en soit d’ici la fin d’année, une fois le marquage réalisé. "La décision sera prise en concertation avec eux", assure Marie Zéhaf, qui rappelle qu’un autre petit parking public se trouve juste dans une rue derrière. De son côté, Louise dit ne plus savoir quoi penser de cette municipalité "verte" qui veut "s’approprier ici des places de parkings voire en recréer, alors qu’ailleurs elle en supprime et les limite, comme autour de la pharmacie du quartier de la Butte."


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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