Recrudescence de dépôts de déchets verts

Conséquences de la fermeture des déchetteries, ces incivilités tendent à se multiplier au détriment de l'environnement forestier déjà bien fragilisé par le dérèglement climatique. Exemple sur le secteur de Levier.

Les dépôts de déchets en forêt résistent au confinement
On trouve des déchets verts mais aussi des déchets de chantiers.

Les restrictions de circulation liées au confinement ne semblent guère impacter les comportements délictueux envers les milieux forestiers et naturels du Haut-Doubs. "Ce problème se pose déjà tout au long de l'année sur l'unité territoriale de Levier et on n'a noté aucun fléchissement des dépôts pendant le confinement", déplore Didier Segaud, le responsable de l'unité territoriale ONF de Levier.
Les techniciens forestiers découvrent en moyenne un dépôt par semaine sur ce territoire qui englobe le plateau de Levier et s'étend  jusqu'à la haute vallée du Drugeon. "Il y a ceux qu'on voit et ceux qu'on ne voit pas", poursuit Didier Segaud en distinguant deux grandes familles de dépôts : les déchets verts et les restes de chantiers laissés par des professionnels.
La localisation des dépôts est assez explicite des comportements : sur des zones proches des routes, accessibles en voiture ou en camion et à l'abri des regards. Le forestier note aussi que les dépôts se sont multipliés depuis la mise en place de la tarification incitative pour la collecte des ordures ménagères sur la CCA 800. S'ajoutent à cela les déchets en bord de route pas faciles à digérer par le bétail quand ils se retrouvent dans les champs.

Les dépôts de déchets en forêt résistent au confinement
Les déchets verts dans la nature ont contribué à la propagation du Solidage du Canada une plante invasive bien implantée dans le massif jurassien.


Laisser ses déchets verts dans la nature n'est pas un acte anodin car cela participe à la propagation d'espèces ornementales qui peuvent vite s'avérer invasives à l'exemple de la Renouée du Japon ou du Solidage du Canada. Quant aux gravats, matelas, canapés, l'impact est à la fois visuel et dans l'incapacité de la nature à éliminer rapidement ce type de déchets. Il faut compter 100 à 500 ans pour décomposer une canette en aluminium, 450 ans pour un sac plastique, 4 000 ans pour une bouteille en verre et deux à trois ans pour un vulgaire mégot.
Tout dépôt identifié est traité. Il faut compter environ 55€/heure pour le ramassage, si ce ne sont pas des déchets toxiques ou trop dangereux, puis rajouter le coût de dépôt des ordures par un professionnel en déchetterie, le tout à  la charge de la commune victime du dépôt.
Ces incivilités sont répréhensibles. Jeter ses déchets dans un milieu naturel, tel que la forêt, est strictement interdit et passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 euros pour les particuliers et jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amendes pour les professionnels. Dernière précision au sujet des dépôts sauvages, nous n’avons pas vraiment évoqué le coût que cela représente pour la collectivité de ramasser puis de traiter ces déchets.
Pas de quoi favoriser le rétablissement des forêts du Haut-Doubs dans un état sanitaire fragile face aux attaques des scolytes qui s'amplifient depuis quelques années. Le syndrome du boxeur dont la capacité à encaisser les coups n'est pas éternelle.
"On n'a fait que panser les plaies des dernières attaques de l'automne 2019. Aujourd'hui, la population de scolytes est déjà très importante. Les chaleurs du mois d'avril ont favorisé les premiers envols et on a déjà observé quelques attaques sur des arbres faibles et d'autres en pleine santé", s'inquiète Didier Segaud qui en profite pour rappeler que les risques d'incendie en forêt restent d'actualité en ce printemps particulièrement sec. Même dans le Haut-Doubs.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Pontissalienne
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