Ouverte depuis décembre dans une ancienne ferme réhabilitée, l’épicerie citoyenne Genn’Épi veut récréer du lien et de la vie dans le village, dépourvu de commerces depuis plusieurs années.

Présentée comme "un lieu de rencontre", la petite boutique, modestement aménagée au rez-de-chaussée d'une ancienne ferme, voit sa clientèle grossir au fil des semaines. Passée de 14 familles adhérentes à son ouverture, à plus d'une quarantaine aujourd'hui. "Au début, on avait pas mal de retraités et on voit de plus en plus de jeunes avec des enfants. Des gens du village, mais pas uniquement : on vient aussi de Montfaucon, Fontain, Morre…", indiquent les porteurs du projet. Preuve, selon eux, d'une envie partagée de retrouver un commerce avec des produits locaux, mais aussi du lien social.

Christine, Didier et Dominique portent Genn’Épi avec d’autres habitants.

"C'est en écoutant une émission sur France Inter que j'ai eu vent de ces épiceries participatives, créées par des habitants pour rebooster les zones rurales", explique Christine Salins. Avec d'autres Genniers, elle décide alors de se lancer dans l'aventure. Ils reçoivent assez vite le soutien de la municipalité, qui propose de leur mettre gratuitement à disposition l'ancienne ferme de la Bascule (dont elle est propriétaire), et se voient appuyer dans leur démarche par l'association Bouge ton coq (qui aide au développement de ces initiatives rurales).

"On a fait une enquête, puis une réunion publique durant le printemps. Une cinquantaine de personnes se disaient intéressées." Très vite, les choses se sont alors mises en place, "avec le lancement des travaux de réfection d'un côté, et la recherche de producteurs de l'autre." Jusqu'à l'ouverture en décembre dernier. Si les étagères ne sont pas encore toutes garnies, elles devraient assez vite se remplir. "On travaille aujourd'hui avec 18 producteurs sur différentes références (sirop, farine, préparation pour gâteaux…)", précise Dominique Henry, qui a également participé à monter le projet.

Cette épicerie citoyenne, qui a été retenue dans le cadre du programme de reconquête du commerce rural, doit bénéficier d'une subvention de 6 100 euros. Elle fait partie des premiers lauréats de ce plan doté de 12 millions d'euros par l'État, qui doit soutenir l'implantation de commerces sédentaires multiservices ou itinérants en campagne. Deux projets ont été retenus dans le Doubs, avec celui de Malbrans. La somme va être fléchée en majorité (5 000 euros) vers l'association Bouge ton coq, qui aide à la logistique et à la constitution des dossiers, mais va aussi aider à sa mise en route (à hauteur de 1 100 euros).

Publicité du journal C'est à dire

Le principe du lieu est simple. "Le fonctionnement est assuré par les adhérents, qui offrent deux heures de leur temps par mois. On peut aussi s'arranger entre nous, quand il n'est pas possible de tenir ce créneau", explique Christine. En échange, chacun bénéficie de produits locaux à prix coûtants. "Ici, on offre en prime le café", ajoute Didier, l'un des habitants investis.

Tous les achats passent par une plateforme. "Le client vient recharger son compte, il n'y a pas d'échange d'argent." L'épicerie s'appuie sur le logiciel Monépi, qui gère les commandes, les stocks et la trésorerie. Les 13 euros par an et par personne demandés à l'adhésion servent à supporter les charges du local (assurance, chauffage…).

Gennes qui se trouve très proche de Saône et de ses nombreux services et qui dispose déjà d'un marché, vivait depuis un moment sans commerce. Comme plus de 21 000 communes aujourd'hui (soit 62 % des communes françaises contre 25 % en 1981). Son épicerie citoyenne veut surtout participer au cadre de vie, plus qu'offrir un accès supplémentaire à un panier de produits de la vie courante. Elle projette d'ailleurs, à moyen terme, de faire aussi office de café, et de proposer des soirées à thème. "Il y a une belle terrasse devant la maison et nous avons déjà récupéré des tables et des chaises", s'enthousiasme Didier. Le succès rencontré par l'Épi des loups (épicerie similaire ouverte en mars dernier à Boussières) lui donne bon espoir. Pour l'heure, celle de Gennes est ouverte le vendredi de 17 heures à 19 heures et le samedi de 10 heures à 12 heures.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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