La Bourgogne-Franche-Comté fait partie des trois régions françaises dont la consommation d’espace liée à l’habitat est supérieure à l’évolution du nombre de ménages. Dans ce contexte, le Grand Besançon fait plutôt figure de bon élève.

Entre 2010 et 2020, la consommation d’espace à l’échelle de la région Bourgogne-Franche-Comté s’est élevée à 12 200 hectares, soit l’équivalent de 16 000 terrains de foot. À lui seul, l’habitat a consommé 8 500 hectares, soit plus de 12 000 terrains de foot. C’est une augmentation de 5,1 % de la surface artificialisée pour de l’habitat alors que notre région accueillait seulement 2,9 % de ménages supplémentaires dans la même période. Ce qui fait dire à l’INSEE Bourgogne-Franche-Comté dans une étude récemment rendue publique que “la sobriété foncière pour l’habitat est très insuffisante au regard de la démographie de notre région.”

La sobriété foncière est le grand sujet du moment pour les élus de tous bords. Dans un Grand Besançon dont la population continue à augmenter, comment construire tout en évitant d’aggraver l’artificialisation des sols ? C’est tout l’enjeu des plans d’urbanisme que les collectivités mettent en place dans un secteur qui urbain et péri-urbain, et donc soumis à une autre pression, celle des terres agricoles et naturelles à préserver (photo d’introduction A.U.D.A.B.).

Autre paramètre : la Bourgogne-Franche-Comté est la seule région, avec la Corse, dont la surface moyenne des logements a augmenté entre 2009 et 2019. Ces deux régions ont ainsi une croissance du taux d’emprise au sol la plus contributive à l’augmentation de la consommation d’espace liée à l’habitat.

Entre 2009 et 2019 dans la région, 100 000 logements ont été construits, soit une hausse de 6,8 %. L’augmentation du nombre de logements n’est pas proportionnelle à celle du nombre d’habitants mais fait surtout écho au desserrement des ménages. Car dans le même temps, la population est restée stable. La hausse du nombre de logements ne s’explique donc pas par les évolutions démographiques.

Son augmentation répond avant tout à la diminution de la taille des ménages. Conséquence de divers facteurs comme le gain d’espérance de vie, les mises en couple plus tardives, les ruptures d’union plus fréquentes ou encore la fécondité en baisse, il faut davantage de logements pour accueillir un même nombre de personnes. Et “l’évolution de la vacance induite par un parc de logements vieillissants est un autre facteur explicatif” poursuit l’INSEE.

Classification des intercommunalités en fonction du dynamisme démographique et du rythme de consommation d’espace pour l’habitat entre 2009 et 2019 (sources I.N.S.E.E.-Cerema).

Notre région est ainsi une des seules, avec la Normandie et le Centre-Val de Loire où l’évolution de la consommation d’espace est supérieure à l’évolution du nombre de ménages. Pire : dans 26 des 113 bassins de vie de la région, des logements continuent à être construits alors que le nombre de ménages régresse.

Mais contrairement à ce qu’on pourrait déduire de ces premiers éléments statistiques, ce n’est pas dans le Grand Besançon (ni même dans le Haut-Doubs) que la surconsommation de foncier au regard de l’augmentation de la population n’est pas la plus disproportionnée, au contraire. Les statisticiens notent que “seules 6 intercommunalités sur les 113 de la région ont une consommation d’espaces proportionnelle à leur démographie.”

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Au sujet de Grand Besançon Métropole, l’INSEE souligne même que Grand Besançon Métropole “fait preuve d’une relative sobriété foncière.” Car notre communauté urbaine gagne à la fois des ménages et de la population. Au sein de G.B.M., la consommation d’espace s’élève précisément à 671 m² en moyenne par ménage supplémentaire. Si on compare à Dijon, la capitale régionale fait encore plus sobre avec 136 m² par ménage supplémentaire mais la superficie de Dijon Métropole est deux fois moindre que celle de G.B.M. et sa densité de population est trois fois plus importante, si bien qu’à Dijon Métropole, “l’habitat vertical est prépondérant. Entre 2009 et 2019, 84 % des logements construits dans Dijon Métropole sont des immeubles contre 62 % au sein de G.B.M.” précisent les statisticiens régionaux. Au sein de l’agglomération bisontine, pour 100 logements supplémentaires, 29 sont liés à la taille des ménages, 30 à la variation de population, 6 aux résidences secondaires et 34 au développement de la vacance.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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