Aménagé dans l’ancienne gare-restaurant du Boéchet sur la commune des Bois, vers La Chaux-de-Fonds, le nouveau Musée du ski invite chacun à découvrir l’histoire de cette discipline aux multiples usages : utilitaires, ludiques, sportifs. Un voyage beaucoup plus lointain qu’on ne l’imagine et qui reflète également le savoir-faire humain pour mieux apprivoiser cette matière fantastique qu’est la neige.

Niché au cœur des Franches-Montagnes dans le canton du Jura entre Les Bois et Le Noirmont, ce hameau du Boéchet compte une cinquantaine d’habitants et deux musées, l’un consacré aux paysans horlogers, l’autre à l’histoire du ski. Soit une densité de musées par habitant supérieure à Paris, Londres ou New-York ! Voilà pour l’anecdote. 

Les racines de ce musée du ski qui a ouvert cet automne remontent à l’enfance de Laurent Donzé, le conservateur, donateur, animateur des lieux. “On vivait dans une ferme isolée sur la commune des Bois, j’ai découvert le ski très jeune pour aller à l’école qui était située à deux kilomètres de chez nous. Je n’ai jamais considéré ces déplacements comme une épreuve, bien au contraire”, explique cet enseignant à la retraite âgé de 70 ans. Naissance d’une passion.

“Je m’intéresse au ski sous tous ses aspects, du passé au présent”, explique Laurent Donzé qui tient des skis polyvalents fabriqués en 1900 à Zurich par la maison Richard Staub.

La suite, c’est l’adhésion au ski-club des Bois et les premières compétitions. Laurent Donzé, qui est aussi le président de Romandie Ski de fond, a beaucoup skié dans les années soixante-dix. “C’était la période charnière avec l’arrivée des matières plastiques dans la fabrication des skis. C’est à partir de là que j’ai commencé à collectionner quelques paires de skis en bois. J’avais aussi la chance d’occuper une ferme qui avait perdu sa vocation agricole, ce qui libérait de l’espace de stockage.” Naissance d’un collectionneur.

Laurent Donzé va se prendre au jeu de chercher, récupérer d’abord des skis de fond avant d’élargir ses prospections à toutes les autres formes de skis, aux équipements, aux accessoires, aux livres... Soucieux de partager ses trouvailles, il monte des expositions temporaires à la demande sur des grandes courses comme L’Engadine ou pendant des grands événements comme les J.O. de Salt Lake City en 2002 ou plus récemment aux J.O. de la Jeunesse qui s’étaient tenus en partie dans la vallée de Joux en 2020. “Je m’intéresse au ski sous tous ses aspects, du passé au présent.”

Au fil des évolutions technologiques, le cuir cède peu à peu sa place au plastique dans les chaussures de ski alpin.

Le projet du musée prend véritablement forme à partir de 2017 quand Andrée Guenat fait l’acquisition de l’ancienne gare-restaurant du Boéchet dans l’idée d’en faire un lieu culturel. Connaissant la collection de Laurent Donzé, elle lui propose de collaborer à la création d’un musée dédié au ski. Naissance de la fondation Musée du ski Le Boéchet. Cette entité juridique repose sur un comité de fondation chargé d’entériner les choix d’aménagement, de muséographie, d’organisation... “Andrée Guénat apporte les fonds et moi ma collection, mes connaissances, un savoir-faire”, résume Laurent Donzé.

Plusieurs fabricants ont tenté de concevoir des skis pliables mais l’introduction d’une charnière dégrade les propriétés du ski qui devient moins performant.

Le musée du ski a ouvert ses portes le 20 septembre dernier. Le bâtiment s’organise sur trois niveaux. De l’accueil au rez-de-chaussée, on accède au premier étage réservé à l’exposition temporaire et qui abrite aussi une bibliothèque-salle pédagogique avec plus de 1 200 ouvrages en lien avec le ski. L’exposition permanente se situe au second niveau. Dans une scénographie mettant en valeur une partie des innombrables paires de ski de la collection, deux frises chronologiques présentent l’évolution du ski alpin et du ski nordique. De plus, des thématiques transversales permettent d’aborder ce sport sous différents angles. “Des gravures rupestres en Scandinavie ou en Sibérie témoignent que la pratique du ski remonte à des milliers d’années. La fonte des glaciers révèle des formes de ski très anciennes. Il n’y a pas de berceau géographique du ski mais des usages, des pratiques qui varient en fonction des époques et des objectifs.”

Le ski a d’abord eu une vocation utilitaire. Il a servi par exemple à d’innombrables expéditions polaires. L’utilisation sportive émerge au début du XXème siècle. Les expositions universelles, l’intégration des skis chez les militaires contribuent à une large diffusion du ski notamment en Europe centrale. La pratique évoluera au fil des avancées technologiques : apparition du lamellé-collé, arrivée des fixations à câbles, des carres métalliques.

L’installation du premier téléski à enrouleur en 1934 à Davos ouvre une nouvelle ère d’expansion pour le ski alpin qui sera le roi des sports d’hiver. Émergence des marques de ski, des chaussures en plastique à crochets, épisode des Moon-Boots, avènement des skis paraboliques... L’exposition aborde toutes les petites histoires de la grande histoire du ski.

La frise nordique se déroule toujours sous l’angle chronologique. Elle met en évidence le retard technologique du nordique sur l’alpin. Ce qui expliquera pourquoi les grandes marques de ski alpin arriveront en force sur le marché du nordique. Le nordique se démocratise suite aux J.O. de Grenoble et par le biais des grandes courses populaires comme la Transjurassienne. “Le nordique incarne une image de nature, de liberté qu’on ne retrouve pas toujours dans les stations alpines avec les files d’attente aux téléskis”, note le spécialiste. Opposition de style. Les matériaux composites apparaissent aussi dans la composition des skis de fond dans les années soixante-dix. Le F 72 mis au point par Yvon Vandel à Bois-d’Amont illustre cette transition. La technique du skating et les skis idoines propulsent le nordique vers des sensations de glisse inédites à partir des années quatre-vingt-dix. Entre les deux frises alpines et nordiques, plusieurs îlots apportent des compléments d’information sur la neige, le fartage, la fabrication des skis. À noter l’îlot dédié aux innovations qui n’ont jamais abouti sur des fabrications en série.

Laurent Donzé maîtrise son sujet à la perfection. “On propose des visites guidées ou libres avec des supports de visite en anglais et en allemand”, complète le conservateur qui gère le musée avec une salariée.

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