Un premier débat avant une interruption de séance

Les groupes politiques ont interrogé les représentants de l’État sur différentes thématiques, des caméras de vidéoprotection jusqu'à la légalisation des drogues douces. A leur départ, les débats se sont envenimés entre Ludovic Fagaut, Christophe Lime et Anne Vignot.

Le Procureur de la République de Besançon, à gauche, et le Préfet, invités d'honneur de ce conseil.

Anne Vignot, maire de Besançon, a convié le Préfet du Doubs Joël Mathurin et le Procureur de la République, Étienne Manteaux, en préambule du conseil municipal qui a débuté ce jeudi 28 janvier à 17h. Ce préambule est l’occasion pour Joël Mathurin de détailler l’action de l’Etat en matière de sécurité publique. Il rappelle l'action menée depuis 2018 par l'ancienne majorité pour que le quartier de Planoise devienne un "quartier de reconquête républicaine" eu égard des fusillades qui se déroulées en 2019. Deux personnes ont trouvé la mort dans le cadre de règlement de compte. Depuis la création du groupe de sécurité et l'arrivée de renfort de 16 policiers, ce sont en 2020 près de 194 interpellations qui ont été effectuées, 10 kg d'héroïne ont été saisis, 50 000 € en numéraire saisis par ce groupe. "On procède cage d'escaliers par cage d'escaliers" précise le Préfet. S'il existe du trafic, "c'est parce qu'il y a des consommateurs" concède Joël Mathurin qui rappelle que la procédure d'injonction thérapeutique est mise en œuvre depuis peu. Trois médecins bisontins suivent les consommateurs de stupéfiants sur demande du Parquet de Besançon.

Le Procureur de la République, à gauche.

L'an dernier, 453 personnes ont été présentées devant le tribunal pour des faits de violence, contre 410 en 2018, 478 en 2019. "Cette évolution peut induire une explosion des faits de violence et de délinquance mais elle l'est l'action d'une politique volontariste des forces de l'ordre" nuance le Procureur.

"Nos coups de boutoir ont déstabilisé les trafiquants" Le Procureur

Quid des fusillades à Planoise dont la dernière en décembre dernier ? 43 personnes ont été mises en examen et 21 sont placées en détention provisoire. "Je ne dis pas qu'il n'y aura plus de tirs demain à Planoise, précise humblement E. Manteaux. Est-ce notre lutte qui a généré davantage de violence ? C'est difficile à dire mais nos coups de boutoir ont déstabilisé les trafics ainsi que le déplacement des trafiquants de l'ex-quartier des 408 à Planoise". Les groupes politiques ont pu chacun à leur tour poser une question.

Nicolas Bodin (PS) et sa question sur la cybercriminalité.

Nicolas Bodin (P.S.) de demander l'action qui sera menée contre la cybercriminalité 4.0, c'est-à-dire celle sur internet. Le Préfet d'évoquer les cellules de veille de la gendarmerie, notamment en matière de pédopornographie.

Ludovic Fagaut (L.R.) interroge le Préfet sur le rôle de la vidéoprotection.

Ludovic Fagaut (L.R.) s'insurge de ne pouvoir poser "qu'une question" comme Anne Vignot le demande à chaque groupe politique. Sa question : "Comment analysez-vous la part de la vidéoprotection et comment doivent se comporter les policiers municipaux s'ils se trouvent face à de grands délinquants ?". Réponse du Préfet : "le maillage à Besançon est intéressant avec les 180 caméras, notre collaboration entre la ville et la police est bonne". Sur la vidéoprotection, Étienne Manteaux rappelle que les caméras servent à accumuler des preuves et très peu du flagrant délit. Les vidéos via les téléphones portables lui paraissent bien plus liberticides. "Au quotidien, nous élucidons énormément d'affaires grâce aux caméras" indique le Procureur. Selon lui, l'avenir est aux caméras mobiles car elles s'adaptent à la délinquance.

Hasni Halem (PCF) : "Pourquoi ne pas légaliser les drogues douces ?"

Les communistes par la voix d'Hasni Halem posent une question plus originale : "Est-ce possible de légaliser les drogues douces afin de priver l'économie parallèle et ainsi se concentrer sur les drogues dures ?". "Il ne m'appartient pas décider ce qu'il faut légaliser ou non, répond le Procureur. L'accent est mis aujourd'hui mis sur le combat contre l'héroïne et la cocaïne. Le cannabis évolue : on assiste à une augmentation du THC si bien que nous sommes face à une révolution car le taux de THC - qui était de 6% il y a 10 ans - est à 22% aujourd'hui".

Le cannabis devient plus dangereux

Le Préfet est aussi interrogée sur le lien parfois brisé entre les forces de l'ordre et la population. "Si l'on veut reconquérir une tranquillité publique, il faut un renforcement de la confiance entre la police et la population. Nous avons pris des mesures comme les permanences des commissaires, le commissariat de Planoise. Les jeunes à Planoise savent que la police est une solution et pas un problème (...)" répond le Préfet.

"La police n'est pas un problème mais une solution" Le Préfet

Étienne Manteaux rend hommage aux policiers bisontins qu'il qualifie "d'exceptionnels". "Dans ma carrière, je n'ai jamais vu des policiers aussi compétents, ce qui explique des taux d'élucidation de plus de 10% comparé à d'autres juridictions. Bien sûr, tous ne sont pas au même niveau" précise le Procureur qui pense aux violences policières qui ont émaillé l'année 2019."J'ai procédé au classement sans suite du premier gilet jaune frappé par un policier. Pourquoi ? Il n'y avait pas d'intention de faire souffrir mais d'agir en état de nécessité. Le policier voulait éviter qu'un gilet ne récupère une grenade tombée à terre" précise le représentant du parquet.

Clash

Les débats se sont poursuivis après le départ du Préfet et du Procureur, des débats écourtés par une interruption de séance voulue par la maire. Anne Vignot reproche à Ludovic Fagaut de ne pas respecter les cinq minutes d'intervention qui lui s'insurge que sa parole soit coupée en plein débat. Christophe Lime (PCF) souffle sur les braises. Pour le communiste, L. Fagaut parle de respect de la loi mais ne respecte pas le règlement. Chaud... et ce n'est pas fini. A suivre sur ce lien : www.besancon.fr


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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