La multiplication des sources de lumière artificielle crée des halos lumineux qui dégradent l’obscurité naturelle de la nuit au préjudice de la biodiversité. Le Parc régional du Doubs Horloger en a fait un sujet à traiter.

“Cette pollution insidieuse s’est aussi installée dans nos campagnes peu urbanisées et a des conséquences désastreuses. 28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés ont une activité partiellement ou exclusivement nocturne et voient leurs cycles de vie perturbés. À ce jour, l’éclairage est la deuxième cause de mortalité des insectes après les pesticides et entraîne la chute des populations de leurs prédateurs. Il perturbe également notre santé et peut causer des dérèglements hormonaux et des troubles du sommeil causés par les lumières dites “bleues” très intrusives. Enfin, cet éclairage nocturne (10 millions de points lumineux en France pour une consommation de 5,6 milliards de kWh) représente en moyenne 21 % des dépenses énergétiques des communes. “Quand nous avons démarré nos campagnes de sensibilisation auprès des élus locaux, il n’y avait que deux communes sur les 94 que compte le P.N.R. qui coupaient l’éclairage public une bonne partie de la nuit”, se souvient Inès Maire-Amiot, chargée de mission transition écologique et mobilités au Parc. Ce sont aujourd’hui 30 communes qui ont franchi le pas.

Il y a un an, Maîche a choisi de couper 489 points lumineux de 23 heures à 5 heures du matin.

Il faut dans un premier temps déconstruire des idées reçues pour se réapproprier la nuit. L’éclairage public procure un sentiment de sécurité mais ne protège pas les individus en tant que tels. D’ailleurs, 80 % des cambriolages et agressions ont lieu en pleine journée. L’excuse mise en avant de la sécurité routière n’est pas justifiée. Les conducteurs sont plus attentifs lorsque que l’éclairage est éteint et les véhicules modernes sont équipés de phares performants. “La politique de rénovation des équipements (passage de l’éclairage en Led) portée par le Syded (Syndicat des Énergies du Doubs) a permis aux communes de baisser considérablement leur consommation électrique mais sans s’accompagner d’une incitation environnementale à couper partiellement ou totalement l’éclairage”, constate Inès Maire-Amiot.

Morteau s’est lancé à titre expérimental dès octobre 2022 sur une extinction partielle. L’étude réalisée auprès de la population a montré que 77 % des Mortuaciens étaient favorables à cette coupure nocturne ainsi qu’à l’extension de la plage horaire initiale (de minuit à 5 heures). Maîche a suivi en février 2023 en coupant 489 points lumineux de 23 heures à 5 heures du matin (seules les routes départementales traversant la ville restent éclairées). “Nous n’avons pratiquement pas de retours négatifs des habitants et cette mesure, en plus de protéger la biodiversité, nous permet de réaliser des économies substantielles d’énergie”, note Régis Ligier, maire de la commune.

Publicité - Devenez annonceur dans le journal C'est à dire

Le P.N.R. propose plusieurs opérations de sensibilisation du public. Depuis 1992, l’Unesco a inscrit le ciel étoilé au patrimoine mondial à préserver, au même titre que l’eau, les paysages et le bâti remarquable. “Nous organiserons à nouveau cette année (6 juillet et 4 août prochains) à la Roche du Prêtre des observations d’étoiles avec le concours de Thierry Kissel du Club Astro 400”, précise la chargée de mission. Noël Jeannot proposera également des lectures de contes à la nuit tombée et Saint-Hippolyte accueillera des balades de découverte des paysages nocturnes. Des lois strictes existent sur la limitation de durée et de puissance de l’éclairage, mais le P.N.R. privilégie la sensibilisation du public et des élus pour entrer dans le cercle vertueux de réduction de la pollution lumineuse.”


Cet article vous est proposé par la rédaction du journal C'est à dire, distribué à + de 30 000 exemplaires sur le Haut-Doubs.
Pour devenir annonceur et booster votre visibilité, cliquez sur l'image ci-dessous
Publicité journal C'est à dire