L’heure n’est pas vraiment à l’optimisme en cette rentrée dans les métiers du bâtiment. Le point avec Dominique Viprey, le président de la F.F.B. du Doubs.

Càd: C’est à dire : Comment les professionnels du bâtiment abordent-ils cette rentrée ?

Dominique Viprey.: Globalement, pour l’instant, les carnets de commandes des entreprises jusqu’à la fin de l’année sont relativement bien garnis. Mais cela concerne des commandes prises entre fin 2022 et début 2023. Ce qu’on constate depuis la fin du premier semestre 2023, c’est l’énorme diminution du nombre d’appels d’offres que ce soit venant du public que pour des chantiers privés. Personnellement, je n’en ai eu aucun au cours de l’été et je n’en ai téléchargé qu’un seul depuis ce mois de septembre.

Dominique Viprey préside l’antenne départementale de la Fédération Française du Bâtiment (photo D.R.).

Càd: Pas vraiment optimiste alors ?

D.V.: Les perspectives sont en effet très inquiétantes pour 2024. Dans nos différentes professions du bâtiment, un secteur est particulièrement exposé aux difficultés, c’est l’habitat : construction de maisons individuelles et promotion immobilière. C’est dur à dire mais pour ces métiers, en ce moment, il n’y a quasiment plus de boulot ! Je connais certains vendeurs de maisons individuelles qui n’ont pas vendu une seule maison depuis mars. Certains qui en vendaient une cinquantaine par an en ont vendu à peine deux ou trois en 2023. Par ricochet, ce sont toutes les professions liées à la construction qui risquent de souffrir beaucoup.

Càd: Avec quelles conséquences ?

D.V.: Une partie de la profession risque tout simplement d’aller dans le mur. Comme le marché de la maison individuelle est en berne, certains artisans vont se tourner vers le tertiaire et l’industrie, ce qui va créer une bagarre avec les opérateurs déjà présents sur ces marchés et entraîner une chute des prix. Ce scénario est très mauvais. Sur ce point, cela fait six mois que le président national de la F.F.B. tire la sonnette d’alarme.

Càd: Quelle est la solution vu que le problème vient en partie des taux d’intérêt trop hauts et du fait que l’accès à la propriété est devenu inaccessible pour beaucoup ?

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D.V.: On sait que pour que les choses aillent bien, il faudrait construire 500 000 logements par an en France. On a chuté à tout juste 200 000. Il faut impérativement que le gouvernement s’empare de cette question et lance un vaste plan de relance de la profession avec des aides plus fortes et de vrais programmes de construction et de rénovation à grande échelle. Mais il reste le gros problème du foncier. On sera sans doute obligé de revenir sur des dispositifs comme le Zéro artificialisation. Des prix de terrains à plus de 200 000 euros au-delà du plateau de Valdahon, ce n’est pas viable !

Càd: Dans ce tableau peu réjouissant, y a-t-il des pans de la profession qui tirent leur épingle du jeu ?

D.V.: Peut-être les professionnels orientés dans la construction de bâtiments tertiaires. Un décret oblige désormais les propriétaires de bâtiments de plus de 1 000 m2 à engager des travaux d’amélioration énergétique. Les entreprises travaillant dans l’isolation, l’électricité, le chauffage-ventilation peuvent avoir de meilleures perspectives.


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