L’état de l’orgue de l’église de Villers-le-Lac fait parler au sein de la commune, mais cela ne va pas plus loin. La municipalité, propriétaire de l’instrument, ne souhaite pas investir dans ce patrimoine historique

C’est un orgue de type romantique qui rendait excessivement bien les musiques de la fin du XIXème siècle. Un orgue “pneumatique” de facture originale, témoin d’une époque, restituant à merveille les timbres des symphonies de Widor, Saint-Saëns ou de Lefébure-Wély. L’orgue à tuyaux de l’église Saint-Jean de Villers-le-Lac est aujourd’hui en très mauvais état, mais sa rénovation n’est pas programmée. Au plus grand regret de Jean-Marie Robbe. “Cet orgue n’est plus fiable pour un concert depuis 7 ou 8 ans” regrette celui qui a été président, puis vice-président, de l’association “Autour de l’orgue” entre 1998 et 2022. “Il y a des problèmes nés de la présence de tuyauterie de plomb atteint de la lèpre qui rend le métal poreux, et des peaux d’agneau qui assurent l’étanchéité à tous les niveaux de l’instrument. Ce sont des peaux qui ont 120 ans ! Les petits soufflets de commande de l’arrivée du vent dans les tuyaux sont poreux et des notes parasites jouent seules, de façon aléatoire, sans intervention de l’instrumentiste. Et puis, d’un point de vue liturgique, il n’y a plus qu’une messe par mois, aucun organiste n’est capable de s’en servir et le répertoire catholique n’est plus, depuis des dizaines d’années, porteur des musiques d’orgue.”

Photo datant de 1902 concernant les premiers travaux sur l’orgue de Villers-le-Lac.

Pour Jean-Marie Robbe, la solution est de refaire complètement l’instrument, de tout démonter, de remettre tous les éléments à neuf. “Il y en a au minimum pour 80 000 euros” poursuit-il. “En actualisant les devis. Mais la commune de Villers-le-Lac a bien d’autres soucis que celui-là. C’est dommage quand on voit que la commune de Frambouhans a installé un orgue en parfait état, sans se mettre en danger financièrement, car elle a su aller chercher des subventions et a lancé une souscription. Il n’est resté qu’une somme ridicule à la charge de la collectivité. Les subventions, il faut aller les chercher, tirer les bonnes ficelles. Il faut une volonté, du courage, de la ténacité ! Même si ce sont toujours des dossiers compliqués à monter auprès de la Fondation du Patrimoine, des affaires culturelles...” Sans oublier que concernant l’orgue, il faut avoir sous la main, un instrumentiste apte à en jouer. “Ce genre de musicien se fait rare mais on peut faire vivre un instrument, le mettre en valeur à l’occasion de concerts, la cause n’est pas perdue d’avance” pense Jean-Marie Robbe. “C’est donc, pour l’instant, un combat idéologique ! Ce n’est pas qu’une question de finances, c’est un problème d’intérêt pour la préservation, le maintien du patrimoine instrumental, et pour le développement de la culture musicale. Le sujet intéresse peu de monde, pourtant l’orgue de Villers-le-Lac a participé à la vie intime des gens. Je tire la sonnette d’alarme concernant l’orgue depuis 20 ans. Madame le Maire m’a dit qu’elle organiserait une réunion, j’attends toujours une convocation.” En guise de réponse, Dominique Mollier confirme que la rénovation n’est pas programmée. “Elle coûterait trop cher” réagit la maire de Villers-le-Lac sur le sujet. “Le dernier devis que j’ai eu entre les mains s’élevait à 58 000 euros. Je trouve que c’est trop pour un orgue qui servirait trop peu de fois.”.

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