"Nous sommes au travail"

Discrète jusque-là, Christine Bouquin prépare des annonces, et des euros, pour les secteurs dont le Département a la compétence comme les EHPAD. Elle revient sur son coup de gueule concernant la réquisition de masques.

Christine Bouquin, présidente du Conseil départemental du Doubs.

La Presse du Doubs  : Comment allez-vous Mme Bouquin ?‌‌
Christine Bouquin : Pendant 5 semaines, ça a été dur car il a fallu adopter une autre méthodologie de travail mais j'ai une équipe formidable à mes côtés. Nous sommes au travail, la maison tourne. Depuis le début du confinement, j'étais inquiète quant à la distribution de masques et de surblouses car si l'ARS approvisionnait en direct les EHPAD, d'autres de nos services manquaient cruellement de protections.

C'est ce qui vous a incité à pousser un coup de gueule après la réquisition d'une de vos commandes de masques par l'Etat. Comment a évolué le dossier ?‌‌
CB : Dans cette situation exceptionnelle, nous attendions avec impatience cette livraison. J'ai poussé ce coup de gueule car j'entendais la détresse des personnels de notre ressort. Depuis le 11 avril, c'est un grand ouf de soulagement que nous poussons car nous avons réceptionné 160 000 masques. 30 minutes après les avoir récupérés, nous les distribuions. Après notre réclamation, notre quota de masques délivré par l'ARS a augmenté pour passer de 12 500 à 30 000 masques par semaine. C'est une bouffée d'oxygène pour les personnes qui travaillent dans l'accompagnement de personnes handicapées, dans les services à domicile. Mais on continue à distribuer avec parcimonie.

60% des agents sont au travail.

Comment la collectivité va organiser le déconfinement ? Les 2 400 agents seront-ils au travail dès le 11 mai ?‌‌
CB : Nous n'avons aucune consigne du gouvernement ! Aucune information n'est pour le moment redescendue alors on anticipe avec bon sens et pragmatisme. Les agents de la collectivité travaillent : 900 sont en télétravail, 200 sont mobilisés sur le terrain. Une consultation avec les instances syndicales va avoir lieu pour évoquer la reprise. Ce sera du cousu main.

L'exécutif doit se réunir le 18 mai. Reste à savoir si la séance se fera par visio ou non.

Politiquement, où en êtes-vous ?
CB : Une commission permanente s'est tenue le 14 avril en visioconférence après accord avec les groupes. Chacun a pu poser les questions, nous avons apporté les réponses par écrit. La prochaine séance plénière se tiendra le 18 mai. J'ignore si elle se fera en visioconférence ou en présentiel. Pour le moment, je suis seule au Département et je suis en lien avec mes vice-président(e)s par visio.

"Apprendre les décès chaque matin, c'est très dur."


Comment vivez-vous ce qu'il se passe dans les maisons de retraite du Doubs ?
CB : Lorsque chaque matin, avec le préfet et l'ARS, vous faites le point sur les décès, c'est très dur ! Beaucoup d'EHPAD sont touchés et nous avons activé les contacts avec les directeurs et personnels. Nous avons fait une expérience extraordinaire avec l'EHPAD de Blamont qui a organisé un confinement total avant l'épidémie. Il faudra réfléchir à ce que sera la maison de retraite de demain. De l'argent sera déployé pour les établissements.

Combien ?
CB : Il est encore tôt pour le dire.

Les collèges ouvriront-ils le 11 mai ?
CB : Le Département a attribué 1 292 tablettes pour les 41 collèges publiques et 700 tablettes pour le privé. J'écoute la parole gouvernementale (elle sourit). À ce jour, aucune information écrite du gouvernement et du rectorat ne m'est parvenue. Les agents se tiennent prêts. Mais quid de la cantine, du périscolaire, de l'organisation du nettoyage ? Des groupes de travail sont mis en place.

‌‌Le déploiement de la fibre prouve son utilité dans les zones "rurales". Un commentaire.‌‌
CB : Cela a permis de rompre l'isolement de territoires ruraux. Sans cela, le confinement aurait été terrible.

Le tourisme est une compétence partagée avec la Région. Abonderez-vous financièrement pour soutenir le secteur ?
CB :‌ Oui. Je ferai des annonces sur ce point dans les jours à venir.

Propos recueillis par E.Ch


Sixième dir'cab en 6 ans

C'est le jeu des chaises musicales au Département avec le départ de Patrick Guégan. Est-ce difficile de travailler avec la présidente ? L'ex-directeur de cabinet répond. La présidente également.

‌‌Le directeur de cabinet Patrick Guégan a quitté ses fonctions de directeur de cabinet le 16 avril. C'est le cinquième départ en six ans après ceux - dans l'ordre chronologique - de Daniel Bénazéraf qui est aujourd'hui directeur de l'ADAT, Philippe Pichery devenu président du Conseil départemental de l’Aube, Vincent Jacquet qui a obtenu une mission au sein de l’Union cycliste internationale, de Christian Morel, et enfin de Patrick Guégan.‌‌
Arrivé à l'automne 2019, ce dernier ne sera resté que quelques mois. Il est remplacé par la directrice générale adjointe des services. À Besançon où il est confiné, l'ex-directeur de cabinet a accepté de nous répondre : "J'ai saisi une opportunité professionnelle dans le Grand Ouest, ma région natale. La crise a mis en stand-by mon arrivée dans mon nouvel emploi. Mon départ a ennuyé la présidente mais je n'ai pas eu de problèmes avec elle. Ces 6 mois étaient intenses. Christine Bouquin est quelqu'un d'entier, qui écoute, qui demande beaucoup de précisions... Peut-être cela vient-il de son ancien emploi ?" dit-il.‌‌
Malgré tout, il est logique de s'interroger. Christine Bouquin veut-elle gérer seule  ? Elle répond : "Dès que quelqu'un part, il faudrait y voir un dysfonctionnement. Ce n'est pas le cas. Tous ont eu un cursus magnifique après être passés par le Département. Patrick Guégan a un beau poste en vue dans le Grand Ouest. On s'est déjà donnés rendez-vous après le confinement" dit-elle.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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