Sauf refus du C.C.A.S., le projet de maison des Femmes devrait prendre ses quartiers dans l’ancienne résidence autonomie Huot. La Ville a proposé au C.C.A.S. propriétaire des lieux une offre d’achat, validée par le conseil municipal.

S’il y a bien un point qui a fait l’unanimité lors du dernier conseil municipal, c’est la nécessité et l’urgence de voir se concrétiser le projet de la maison des Femmes. Pour le reste, les méandres et subtilités administratives et politiques ont suscité des remous entre la majorité et les élus de l’opposition

En l’espèce, le conseil municipal a voté le changement de destination de la résidence autonomie Huot afin de pouvoir accueillir la maison des Femmes. En outre, la Ville propose au C.C.A.S. de racheter le lieu au prix d’1,250 million d’euros. Le C.C.A.S. doit se prononcer en faveur ou non de cette vente en conseil d’administration le 6 décembre.

La résidence autonomie Huot, vidée de ses occupants, pourrait accueillir prochainement la maison des Femmes et plusieurs associations.

Concrètement, cette maison des Femmes, promesse de campagne de l’équipe Vignot, serait une porte d’entrée unique pour les femmes et enfants victimes de violences intrafamiliales. Au sein de cette maison seront regroupés associations, professionnels de santé, du droit, de l’emploi, etc. “C’est une étape décisive et concrète, a ainsi plaidé Élise Aebischer, adjointe en charge de l’égalité homme-femme. C’est un portage collectif entre la vie associative, la santé, l’égalité et l’insertion professionnelle. Il y a un besoin d’un lieu d’accueil, de proximité et d’éducation à l’égalité. Cette maison des Femmes est complémentaire du travail de terrain des associations. Aujourd’hui, tout le monde est convaincu par ce projet pour que plus aucune femme ne se sente seule.”

Sa collègue, Valérie Haller, élue pour le droit des femmes, a souligné un accompagnement plus en synergie, une “maison visible et plus identifiée pour l’accès aux droits sociaux, juridiques, aux soins médicaux, à l’insertion professionnelle… C’est un projet ambitieux, opérationnel qui pourra agir sur une urgence sociétale.”

Car les chiffres de violences perpétrées contre les femmes et enfants restent glaçants : une femme sur 3 a été victime de violences dès l’âge de 15 ans, 94 000 sont victimes de viol ou tentatives de viol. Une femme est tuée tous les trois jours sous les coups de son conjoint en France. En 2022, 118 femmes sont décédées de violences conjugales, 122 en 2021. “Les chiffres ne baissent pas, s’alarme Aline Chassagne, adjointe à la culture. Seule une sur 5 porte plainte. Il faut multiplier les lieux, les repérages, les moyens. La maison des Femmes peut apporter une proximité, des parcours plus coordonnés, et faciliter l’accès aux femmes et aux enfants, il ne faut pas les oublier. Il est urgent d’agir même s’il y a eu beaucoup de choses positives ces dernières années, il faut accélérer.”

Début décembre, le conseil d'administration du C.C.A.S. doit donc donner son accord (ou non) pour vendre la résidence Huot à la Ville. Le cas échéant, quelques travaux devront être réalisés mais la maison des Femmes pourrait ouvrir ses portes très rapidement en 2024.

Un point mouvementé lors du conseil municipal

Si les élus d’opposition n’ont absolument pas remis en cause le projet en lui-même, ils se sont tout de même interrogés, voire énervés, sur la façon de procéder de la majorité. “Je ne comprends pas comment on peut acheter un bien qui n’est pas à vendre, s’est étonnée Myriam Lemercier, de Besançon Maintenant. Ne faut-il pas demander l’avis préalable du conseil d’administration du C.C.A.S. ?” “Pourquoi ne pas avoir attendu la décision du C.C.A.S. ? Je m’étonne de la chronologie des événements”, a pour sa part souligné Laurent Croizier. Ludovic Fagaut, de son côté, s’est exprimé avec moins de retenue : “Il y a une délibération en conseil municipal sur l’acquisition d’un bien qui n’a jamais été validé par le conseil d’administration du C.C.A.S. Encore une fois, on met la charrue avant les boeufs. Et aujourd’hui, le C.C.A.S. vend à la Ville un bâtiment donné il y a trente ans pour un franc symbolique, et il faut débourser 1,2 million d’euros. Belle plus-value !”

Sylvie Wanlin, adjointe en charge du C.C.A.S., a assuré que les administrateurs ont toujours été très informés sur l’acquisition et la vente de la résidence Huot et que la décision est prise en conseil d’administration. Dans son rapport du conseil municipal, la majorité souligne qu’un “accord est intervenu avec le C.C.A.S. en vue d’une transaction (…) pour l’acquisition de la propriété cadastrée section BK n° 89 au prix de 1 250 000 euros.” Seul point de procédure : préalablement, le conseil municipal doit acter le changement de destination de la résidence autonomie. Ce qui a été validé malgré les abstentions de certains élus d’opposition.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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